Arraché à l’affection des siens le lundi 4 septembre, le général Mountaga Diallo a eu droit à tous les honneurs de la Nation. Cet homme, au parcours militaire exceptionnel, a été enterré hier au cimetière musulman de Yoff.

Le général Mountaga Diallo a été inhumé hier au cimetière musulman de Yoff. La cérémonie de levée du corps, qui a eu lieu à l’hôpital Principal de Dakar, a enregistré la présence de nombreux officiers de l’Armée sénégalaise et d’anciens généraux à la retraite dont Guèye Fall, Mansour Seck et Mamadou Niang. Cette cérémonie funèbre a été suivie de la prière mortuaire à la Fenêtre Mermoz et de son enterrement vers les coups de 14 heures. La cour de la morgue de l’hôpital Principal était très exiguë pour contenir ce beau monde, composé majoritairement de ses frères d’armes, parents, amis et voisins. Une telle assistance, explique le ministre des Forces armées, témoigne de l’affection de la communauté militaire depuis la disparition du général le lundi 4 septembre à l’âge de 75 ans.
En fait, le premier officier sénégalais à avoir dirigé une mission militaire de l’Onu a eu droit à toutes les marques de reconnaissance pour les services rendus à sa Nation et au monde entier. Selon Augustin Tine, le ministre des Forces armées qui a présidé cette cérémonie de levée du corps, «le général Mountaga Diallo mérite respect et admiration». Revenant sur sa riche carrière, le ministre des Forces armées trouve que le défunt mérite d’être cité comme exemple à suivre pour les générations futures. «J’exprime mes sentiments de respect et d’admiration pour cet officier général émérite dont la carrière s’est étalée sur une quarantaine d’années au service de notre pays et qui mérite d’être cité en exemple», a-t-il dit. «Cet homme au parcours exceptionnel donne à lui tout seul la pleine mesure de ses qualités», a ajouté Augustin Tine selon qui le général Mountaga Diallo «fut un soldat exigent et rigoureux, un officier doté des plus hautes qualités intellectuelles et morales». Selon toujours le ministre des Forces armées qui n’a pas tari d’éloges à l’endroit de cet éminent homme de tenue, le général avait un profil qui lui permettait de franchir avec brio toutes les étapes d’une carrière au cours de laquelle il a eu à occuper les fonctions les plus éminentes au sein de l’Armée et de la Nation.
Né en 1942 à Kolda, le général Mountaga Diallo est entré en service en 1963. Après un parcours exceptionnel couronné d’une formation à Saint Cyr, ce parachutiste devenu ensuite artilleur a franchi toutes les étapes pour arriver à un haut niveau d’excellence dans les missions des Nations unies et au niveau national. En fait, il fut chef des opérations à l’état-major général des Armées du Sénégal, chef d’état-major de l’Armée de terre, sous-chef d’état-major général des Armées et inspecteur général des Forces armées. Au niveau international, le défunt a eu aussi à diriger une mission militaire des Nations unies en République démocratique du Congo de 2000 à 2003. Cet homme au parcours exceptionnel et bien trempé a conduit les militaires sénégalais au Liberia. Après sa retraite en 2011, Mountaga Diallo, âgé en son temps de 61 ans, a été nommé ambassadeur du Sénégal en Russie.
Dans son témoignage, son ami et frère d’armes, le colonel Landing Diop, dira tout simplement qu’il est «un homme de rigueur doté d’une joie de vivre». Ce qui faisait qu’il «avait cette capacité à réunir lors d’un conflit tous les belligérants autour d’une même table». La voix étreinte par l’émotion, Ousmane Diallo, le petit frère du défunt, n’a pas été avare en éloges pour rendre hommage à son frère aîné. Selon ses confidences, son frère, né d’une fratrie de 6 enfants, avait très tôt perdu son père. Ainsi, il voulait devenir enseignant pour aider sa mère. Mais en poussant ses études jusqu’à l’obtention du Bacca­lauréat, il a pu franchir les échelons pour arriver à ce niveau. «Il a été un père, un modèle pour nous. Il nous a guidés et aidés jusqu’à ce que chacun puisse voler de ses propres ailes», a-t-il dit en sanglots. Avant de souligner qu’«il aimait sa mère et la chérissait». Ousmane Diallo dira aussi que son frère leur a donné une leçon de courage durant sa maladie, «car personne ne l’a jamais vu pleurer», a-t-il ajouté en remerciant son épouse Marie qui est restée digne dans l’épreuve après tout le temps que son mari est resté cloué au lit. Malgré leur volonté de les retenir, les larmes ont coulé quand on introduisait le corps dans le corbillard. Depuis hier, le général Mountaga repose à Yoff. Mais le souvenir de ce digne fils restera vivace dans nos mémoires, a dit Augustin Tine.
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