Les élus territoraux de la région de Diourbel ont demandé hier, lors d’un Comité régional de développement (Crd) sur le secteur de l’eau et de l’assainissement, le départ d’Aquatech pour avoir un approvisionnement correct en eau dans leurs communes respectives. Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’assainissement, qui présidait la réunion, a ainsi promis aux maires que les performances de cette société, qui est délégataire du service public de l’eau potable en milieu rural, seront évaluées.

Pendant plus de quatre tours d’horloge, les autorités administratives, territoriales, religieuses et coutumières, parlementaires, des représentants d’associations usagers des forages ruraux, entre autres participants, ont largement échangé sur le manque d’eau constaté dans le monde rural. C’était lors d’un Comité régional de développement (Crd) spécial sur les secteurs de l’eau et de l’assainissement tenu à Diourbel. Laquelle rencontre a permis d’exposer les réalisations dans le secteur de l’eau et de l’assainissement de la région. Mais également, des couacs notés dans l’exploitation et la gestion de l’hydraulique rurale.
Ainsi, de Ngogom à Kaël et Patar, en passant par Keur Samba Kâne, Tocky gare, Sadio, entre autres collectivités territoriales, les maires ont tous réclamé le départ d’Aquatech, adjudicataire de cette concession. Pour le maire de Sadio, la société Aquatech constitue un véritable problème pour le monde rural. Pape Sidy Diop estime ainsi que le gouvernement doit intervenir le plus rapidement possible. Embouchant la même trompette, Abdou Diagne, maire de Tocky gare, par ailleurs président des maires du département de Diourbel, souligne que tous les 60 forages de la région qui sont sous la responsabilité d’Aqua­tech sont confrontés à un problème d’approvisionnement correct en eau. «Depuis deux ans que ladite société est présente dans nos communes, nous avons de l’eau colorée avec une mauvaise odeur et un mauvais goût. Nous ne voulons plus d’Aquatech dans nos localités», martèle l’édile. A en croire le maire de Patar, Mbaye Samb, non seulement ils ont un problème d’eau, mais ils sont aussi en train de perdre leurs administrés à cause de ce manque d’eau récurrent. Des plaintes et complaintes que le Directeur général d’Aquatech tentera de justifier. Pape Diop a ainsi souligné que le réseau est défectueux avant de demander aux élus locaux de leur laisser terminer ce contrat de 10 ans. Et, M. Diop de poursuivre : «Nous avons besoin d’accompagnement. Nous présentons tous nos excuses pour les dysfonctionnements notés dans l’exploitation quotidienne de l’entreprise.»

Serigne Mbaye Thiam tempère
Pour le ministre de l’Eau et de l’assainissement, qui présidait la réunion, des pas importants ont été faits avec des investissements de l’ordre de 13 milliards de francs Cfa dans le secteur de l’eau et de l’assainissement entraînant des avancées dans l’accès à l’eau et à l’assainissement. Serigne Mbaye Thiam reconnaît tout de même qu’il «reste des défis à relever dans le domaine de la sécurisation, de la qualité et de la ressource en eau, notamment dans certaines zones du milieu rural et dans la commune de Mbacké». Conscient que les principales préoccupations du monde rural tournent autour de l’évaluation des performances de la société Aquatech qui est délégataire du service public de l’eau potable en milieu rural, le ministre a fait savoir qu’une mission d’évaluation de l’Office des forages ruraux (Ofor) sera sur le terrain du 16 au 20 mars 2020. Et poursuit-il, à l’issue de cette mission d’évaluation, le gouvernement organisera encore une réunion et prendra les mesures qu’appelle la situation d’autant que les engagements pris par Aquatech devraient être évalués à la fin de ce mois de mars. Ainsi, rappellera-t-il que le chef de l’Etat a donné des instructions pour que le ministère de l’Eau et de l’assainissement conduise une évaluation plus globale sur la réforme de l’eau en milieu rural. En ce sens, Serigne Mbaye Thiam a tenu à préciser qu’ils vont relever les facteurs d’échec afin de pouvoir élaborer les mesures correctives pour la nouvelle direction à prendre. «Les performances d’Aquatech ont été décriées par les représentants des populations en l’occurrence les maires et les associations d’usagers», indique-t-il. M Thiam d’ajouter : «En ce qui concerne la qualité de l’eau à Mbacké, le gouvernement a été informé et il a été retenu qu’une étude sera faite pour la meilleure solution à adapter. A l’en croire, la société Sen’Eau a fait une proposition de solution pour régler la question avant la tenue de ce Crd.» Cette proposition, dit-il, «sera étudiée par la Sones et le gouvernement va chercher les moyens de régler cette question». Il fait savoir aussi que les populations seront informées des dispositions qui seront prises pour faire face à ce problème qui n’est pas spécifique à Mbacké, car c’est une qualité d’eau que l’on rencontre dans tout le Bassin arachidier.

Plan d’urgence pour Touba
Lors de cette rencontre, la situation de l’eau à Touba a été aussi au cœur des échanges. C’est ainsi que la tutelle a précisé qu’à l’issue du Magal 2019, l’autorité administrative a tenu une réunion d’évaluation. Une réunion, poursuit-il, qui a permis d’élaborer un programme d’urgence. A l’en croire, ce plan doit être financé à hauteur de plus de 2 milliards 278 millions de francs Cfa et que ce financement est mobilisé et couvert actuellement à hauteur d’1 milliards dont l’Ofor a donné 500 millions de francs Cfa et autant par le ministère de l’Eau et de l’assainissement. M. Thiam a précisé que les appels d’offres ont été lancés et que les délais leur permettent de réaliser ce plan d’urgence au niveau de la commune de Touba. «En attendant, nous sommes en train de trouver une solution à long terme pour Touba et les autres localités qui connaissent un problème de qualité d’eau sur un programme de transfert d’eau. C‘est un programme d’eau plus ambitieux», a-t-il indiqué.