La volonté du gouvernement d’appliquer une certaine vérité des prix dans le secteur des hydrocarbures et de l’électricité a été confirmée à la suite des débats qui ont eu lieu au cours du dernier Con­seil des ministres du mercredi. Le gouvernement en est juste à chercher le meilleur mo­ment pour rendre publique sa décision de laisser les prix de l’essence et du gazole augmenter de 75 francs par litre.

La nouvelle était attendue avec appréhension depuis plusieurs mois. Tout le monde savait que cela ne pouvait pas continuer encore longtemps. Le Conseil des ministres d’avant-hier mercredi en a débattu et fini par s’accorder sur une hausse de 75 francs sur le litre de gazole et d’essence super à la pompe. La nouvelle n’est pas encore publique, mais on peut s’attendre à ce que les services du ministère du Pétrole et de l’énergie la livrent après la rencontre d’information que Mouhamadou Makhtar Cissé devrait avoir aujourd’hui avec les différents acteurs sociaux professionnels, et avec les différentes catégories qui interviennent dans le secteur.
Le gouvernement aura tenu longtemps avant de se résigner à cette hausse. On sait que les prix de l’énergie ainsi que le tarif de l’électricité ont été bloqués au Sénégal depuis plus d’une année. Le chef de l’Etat, pour soigner sa réputation de «Président du pouvoir d’achat», avait décrété le gel des prix à la pompe, ainsi que la réduction des tarifs de l’électricité. Au moment où cette décision se prenait, le monde vivait une intense période de baisse que l’Etat avait également rechigné pendant longtemps à faire bénéficier aux consommateurs. Malheureusement pour lui, au moment où il s’est décidé à le faire, la machine s’est emballée.
En voulant éviter une hausse qui pourrait avoir pour conséquence une belle dérive des prix, le gouvernement s’est retrouvé avec une facture cumulée de 257 milliards de francs, du fait des subventions du carburant (107 milliards) et de l’électricité (150 milliards). Cela aurait pu continuer à être supporté si le pays n’était pas en pleine disette financière. Or, malgré les belles assurances du ministère des Finances, tous les secteurs économiques vivent des fins de mois difficiles, et l’Etat n’y échappe pas.
Les partenaires économiques et financiers, en tête desquels le Fonds monétaire international, ont crié pendant longtemps pour faire comprendre au chef de l’Etat que cette politique de subventions du secteur énergétique n’était pas viable à long terme. Macky Sall a bloqué pendant longtemps parce qu’il en mesure les conséquences. Il ne faudrait pas s’étonner, une fois la hausse rendue publique, que par effet domino, l’on annonce également des hausses dans des secteurs comme les transports et l’industrie alimentaire, pour ne parler que de ceux-là.
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