Un rappel historique nécessaire : Les élections présidentielles depuis presque deux décennies se suivent sans se ressembler, mais avec une logique identique à chaque fois : La dynamique unitaire est salutaire quand c’est possible. En 2000, il y a eu l’émergence de deux partis forts, Urd de Djibo L. Kâ (paix à son âme !) et Afp de Moustapha Niasse, extirpés des flancs du Ps au pouvoir depuis près de 40 ans, qui ébranlèrent toute la classe politique. Mais cette guerre fratricide présentait le risque de faire succéder le Ps à lui-même. Elle contribua néanmoins à affaiblir considérablement ce dernier. La gauche d’alors et Idrissa Seck aux commandes du Pds, Wade étant en exil volontaire ou stratégique, avaient conçu et lancé l’idée géniale d’un cadre politique pour endiguer cette nouvelle vague Ps-bis : «La coalition 2000 ou Ca 2000». Le ralliement de Moustapha Niasse et la néfaste volte-face de Djibo Kâ au second tour favorisèrent la chute de Abdou Diouf.
En 2007, Abdoulaye Wade, ayant compris que la dynamique de regroupement de l’opposition pouvait lui être fatale, entreprit très tôt de la casser durant tout le long de son premier septennat. Le renvoi de Moustapha Niasse du gouvernement, la récupération de Djibo Kâ de l’Urd englouti, la saignée minutieuse du Ps à coups d’appâts prébendiers de ses militants les plus pourvoyeurs de voix, le tour de passe prémédité pour conduire l’opposition à boycotter les Législatives de 2007 qui l’affaiblit considérablement et enfin le «gal gal» infligé à Idrissa Seck en tirant sur sa corde sensible, consistant à pousser ses marabouts vénérés à lui faire accepter une pseudo-réconciliation piégée avec Wade afin de le décrédibiliser. Toutes ces prouesses politiques avec en plus les rares réalisations infrastructurelles entreprises en si peu de temps lui permirent de passer au premier tour.
En 2012, le Président Wade perdit de son génie politique, le «naufrage» de l’âge aidant peut-être. Comme pour le Ps en 2000, il perdait deux piliers de son parti : Idrissa Seck et Macky Sall. La «Génération du concret» qui était censée les supplanter fut désavouée par l’omniprésence hypertrophique dans les sphères du pouvoir de son fils Karim. La diabolique révision constitutionnelle instituant un vice-président dauphin et le «wax waxète» sur sa 3e candidature précipitèrent sa chute. Il n’avait pas su tirer les leçons de la défaite de Diouf en 2000.
L’opposition, quant à elle, bien que divisée au 1er tour par l’éclatement de Benno siggil senegaal et la lutte non unitaire contre la 3ème candidature de Wade, campée par Idrissa Seck, a su peser et faire bloc derrière le 3e larron revenu d’un tour du Sénégal en campagne pour damer le pion aux candidats favoris.
La logique de la dynamique unitaire a toujours prévalu pour contraindre le Président sortant à abdiquer. Sauf en 2007, parce que Wade l’avait dynamitée. Aujourd’hui Macky, «élève tricheur» de Wade, vise à «réduire l’opposition à sa plus simple expression». Il utilise l’arme judiciaire et le dépouillage des partis pour éliminer ses adversaires menaçants et casser toute dynamique unitaire. On l’a vu à l’œuvre durant les Législatives, ce qui présage de ce qu’il va cuisiner dans sa cocotte-minute pour 2019.
Pourtant, des constantes se dégagent de ces dernières présidentielles : l’obstination permanente et persistante de Idrissa Seck à vouloir la vraie alternance et le vrai «Sopi». L’alternance dévoyée de Abdoulaye Wade, suivie de l’alternance trahie de Macky Sall. Le tout dans une continuité sidérante dans la non-rupture d’avec la politique d’accaparement des maigres ressources du pays au profit de clans et clientèles politiques susceptibles de les maintenir au pouvoir. Une poursuite néfaste de la politique «gabegique» et partisane toujours éloignée des réelles préoccupations des populations. Son opposition systématique à toutes les dérives des pouvoirs successifs et leurs déviances par rapport aux intérêts des Sénégalais.
D’abord avec Abdoulaye Wade pour dénoncer la gestion familiale du pouvoir et la patrimonialisation des ressources du pays. Ensuite avec Macky Sall pour les mêmes raisons en pire copie sans avoir les performances de la photocopieuse. De 2004 à 2019, il aura été le «Niani bagne na» le plus farouche et l’opposant le plus résolu, renonçant aux faveurs et privilèges du pouvoir pour signifier assidûment que seule la résolution des aspirations populaires est son credo : «Si le pouvoir que je cherche ne devrait pas profiter aux populations, que le Tout-puissant m’en prive !», dit-il. Une affirmation qui dénote chez ce fervent musulman une hauteur d’esprit éthique, inhabituel dans les milieux politiques. Tout comme ce défi lancé il y a 12 ans aux pouvoirs successifs, incapables de le relever autrement que par la calomnie : «Jusqu’à l’extinction du soleil, aucun centime de détourné ne pourra m’être reproché.»
Sa longue traversée du désert bonifie d’ailleurs son endurance et sa capacité de résistance à la dimension des martyrs soufis, face aux pires attaques injustes et injustifiées qu’a connues un homme politique sénégalais depuis l’indépendance. Exceptionnellement, le contexte politique le place dans une situation au-dessus du lot des opposants : Il fut ministre sous Abdou Diouf, directeur de campagne victorieux de Wade en 2000, ministre d’Etat-directeur de Cabinet tout-puissant du Président Wade, puis son Premier ministre, maire de Thiès, président du Conseil départemental de Thiès et enfin président du parti Rewmi, 2e parti d’opposition après le Pds. Il est en prime le plus ancien dans son positionnement d’opposant parmi ses «confrères» de l’opposition. Avec un tel palmarès et parcours, nul besoin d’aller chercher ailleurs un porte-drapeau ou un porte-étendard dans l’adversité face à Macky Sall. Ce même contexte politique le place comme le «Survivor» que la grâce divine aura épargné des affres de Macky, après les éliminations politico-judiciaires de Karim Wade et de Khalifa Sall. Incontestablement, il représente le meilleur pion et atout pour être à la tête d’une dynamique unitaire.
Cependant, la démocratie sénégalaise est en effervescence permanente et l’élection présidentielle en est la clé de voûte. Les candidatures multiples en coalitions y sont naturelles, donc inévitables. Par conséquent, dans notre mode de scrutin à deux tours, le premier est érigé en primaires de l’opposition. Mais un large éparpillement par des candidatures fantaisistes aux ambitions démesurées pourrait favoriser le pôle présidentiel pour passer au premier tour. Un nombre très limité de blocs de coalitions fortement constitués permettrait de tirer vers le bas la candidature présidentielle et l’amener au 2e tour. Voilà pourquoi l’offre politique que le président Idrissa Seck va s’employer à décliner et à promouvoir en direction des populations et des acteurs politiques de l’opposition devrait recueillir de larges adhésions.
Le leader rewmiste a longtemps fait preuve de son esprit d’ouverture et de sacrifice. Sa loyauté envers ses partenaires politiques ne souffre plus de doutes, tant il a toujours respecté sa parole donnée lorsque les stratégies politiques collectives ont été conçues et actées avec lui. Il est de ceux dont les ambitions politiques ont pâti de la sincérité de ses propos et de ses positions. Dans son offre politique, ses prises de positions affirmées çà et là laissent la place à un large consensus autour des grands principes des Assises nationales, notamment autour des réformes proposées par la Cnri. Elles mettent en exergue également son nationalisme quasi-épidermique sur les plans à la fois politique, économique et culturel. Leurs réaffirmations circonstanciées seront faites durant toute sa campagne électorale.
Parions que le grand Idy sera de retour parce qu’il a l’occasion cette fois-ci de se redéployer dans tout le territoire et en dehors pour éclairer sa vision d’un Sénégal dragon ouest-africain du développement !
Le contexte politique actuel, après les Législatives, bien que délégitimées, nous donne un aperçu clair de la réalité des forces en présence. Les deux Benno de l’opposition constituent les deux blocs incontournables autour desquels vont s’agréger les candidatures sérieuses. Parmi tous les présidentiables que composent ces deux Benno, le leadership incarné par Idrissa Seck ne serait pas le moins fédérateur ni le moins légitime. Indubitablement, les forces du changement et les aspirants au véritable Sopi pourraient se cristalliser autour de son leadership.
Sa partition dans le concert des déclarations de candidature sera très audible par sa crédibilité, mais laissons la parole à Abdourahmane Diouf pour le dépeindre comme nul autre pareil : «Notre candidat est aguerri. Il a l’expérience de la gestion de l’Etat. Il a la vision qui lui permet de nous placer sur les rampes du développement durable. Il a fait face à des difficultés inhérentes à la vie politique. Il en a tiré les leçons et s’est bonifié avec le temps. Il est prêt à gouverner. Il doit néanmoins se rendre plus visible, plus accessible et s’organiser pour être plus audible. Son dialogue avec les Sénégalais doit se faire sans aucune intermédiation. Il doit les rassurer sur sa vision et décliner ses convictions pour que les Sénégalais puissent le juger, sans filtre. Idrissa devra jouer sa partition de façon optimale et mettre en œuvre la plénitude de ses moyens. Il devra se transcender pour nous offrir le meilleur de lui-même…»
Voilà pourquoi nous pensons objectivement qu’il est l’homme de la situation et que c’est son heure, avec l’intime conviction qu’il est la solution à nos problèmes. Le pari gagnant !
Chérif ben Amar NDIAYE
kaadoubitimrew.com
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