Sada Ndiaye avait précipité le départ de Macky Sall en écourtant, par la loi qui répond de son nom, le mandat de celui qui était président de l’Assemblée nationale. L’oncle que Wade avait «armé» a rejoint le neveu. Sa nouvelle loi : travailler avec Macky Sall.
Il fait partie des rares politiques à subir la fameuse question : «Allez-vous rejoindre Macky Sall ?» Mais c’est vrai que Sitor Ndour l’a devancé dans le Top 5 des transhumants qui ont juré devant Dieu et les micros de ne jamais retrouver le Président Sall. Et le «crime» de Sada Ndiaye, oncle du leader de l’Apr, n’autorisait pas le pari. Voici ce que le maire de Nguidjilone disait en 2014 : «Sada Ndiaye, transhumant chez Macky Sall ? On n’en entendra jamais parler. S’il y a une seule personne qui doit rester au Pds, ce sera moi.» Eh bien, il ne sera pas celui-là. Le voilà qui ne fait pas que parler de lui, mais qui remue les cœurs fragiles et les médias du fait d’une retournée spectaculaire que beaucoup avaient pris pour un pétard mouillé. Mais qu’est-ce qu’il n’a pas dit Sada Ndiaye de son neveu ou son régime ! Tendez l’oreille, puisque dans un entretien avec Le Quotidien en mars 2017, il soutenait avec force sur les dossiers judiciaires : «L’Apr est passée de l’Alliance pour la République à une autre Alliance : Arrestation, prison, restriction. (…) Sous Macky Sall, la loi n’est ni générale ni impersonnelle (…).» Et à la veille des Législatives du 30 juillet, le chargé des Elections du Pds était encore plus offensif, accusant formellement Benno bokk yaakaar de se livrer à une «fraude massive» en inscrivant «des Gambiens et des Mauritaniens» à partir du Bosséa, fief de Farba Ngom.
Et quand il veut justifier sa transhumance par la faute de la direction du Parti démocratique sénégalais, cela ne peut être qu’une argutie et un prétexte peu recevables. L’on peut d’ailleurs quitter un parti et créer le sien ou rester dans l’opposition. Mais le vrai problème, c’est de tenter de faire oublier son statut de bourreau de 2008. «J’ai enduré beaucoup de souffrances et de discriminations malgré ma fidélité à Abdoulaye Wade. En tant que chargé des Elections du Parti démocratique sénégalais, la bande à Oumar Sarr m’a mis à la 17ème position sur la liste nationale (aux Législatives). J’ai subi beaucoup de choses avec les frères du parti», a-t-il confié au site Afriquemidi.com. Mais y aurait-il pire «souffrances» que lorsque Abdoulaye Wade avait traité Macky Sall de «descendant d’esclaves et d’anthropophages» ? Si l’oncle n’y a pas vu de prétexte pour démissionner ou se faire entendre par son patron, alors une bataille de positionnement peut être plus convaincante. Et encore, si tant est que c’est l’une des causes de son départ, pourquoi a-t-il attendu 5 mois après pour le justifier ? Pourtant, Sada Ndiaye a été clair sur ses rapports avec le secrétaire général du Pds. «Tous les cadres foutankés ont été promus sous l’ère Abdoulaye Wade, et Macky Sall en fait partie. Jamais le Fouta n’a eu autant de responsabilité et de responsables dans le gouvernement et dans les institutions de la République que sous Wade. Vraiment, celui-là, je le suivrai aussi longtemps que je vivrai (…) Si Macky Sall veut travailler avec Sada Ndiaye, il doit travailler obligatoirement et impérativement avec le Pds et le Front patriotique», avait-il déclaré.
Et puis, arguer une certaine responsabilité du secrétaire général adjoint du Pds ne peut non plus être logique. N’est-ce pas lui qui défendait l’homme de Dagana contre Aïda Mbodj, Pape Samba Mboup, Farba Senghor et autres ! «Oumar Sarr a la confiance du secrétaire général du Pds. Si sa gestion n’était pas bonne, on n’en serait pas là aujourd’hui. Si Oumar Sarr n’était pas là depuis 2012, il n’y aurait pas eu de Pds. Donc, il a très bien géré le parti», soutenait Sada Ndiaye qui estimait par ailleurs que «Khalifa Sall et le Pds avaient le même combat qui est de renverser ce régime par tous les moyens légaux et de droit». Désormais, il entend œuvrer avec la même détermination pour la réélection de Macky Sall.
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