Mohamed Mouftakir, critique de cinéma
«Le cinéma marocain manque de référence paternelle»
«L’une des forces et des faiblesses du cinéma Marocain est qu’il n’est ni totalement tourné vers l’Orient ni totalement tourné vers l’Occident. Il n’est pas tout à fait maghrébin non plus. D’où cette distinction dont ce cinéma bénéficie mais qui le dessert plus qu’il ne le sert… C’est un cinéma sans référence paternelle référentielle qui pourrait lui donner cette légitimité dont il a vraiment besoin. Le cinéma marocain reste malheureusement un cinéma sans son cinéaste symbole et le film marocain restera un film orphelin sans le film père qui pourrait le légitimer. C’est là, l’un des problèmes majeurs qui empêchent et empêcheront notre cinéma de rayonner ailleurs et de jouer son rôle de représentant de notre imaginaire, malgré le talent incontestable de certains de nos cinéastes, jeunes et moins jeunes…»
Pr Magueye Kassé, critique de Cinéma
«Les séries que présentent les télés au Sénégal nous imposent une autre identité»
«Je crois que l’on parle de Festival de cinéma africain de Khouribga, parce que l’on veut, à travers cette appellation, poser notre identité à l’Afrique. On ne parle pas de Festival français de Cannes. Donc pour moi, le mot africain renvoie à tout un symbole…. Mais en Afrique, nous avons des identités fragmentées : conflits avec soi-même et conflits avec les autres. Soit nous sommes dans un contexte où nous ne nous acceptons pas, soit on ne nous accepte pas. Cela pose un vrai problème identitaire… L’autre chose, c’est que tous les conflits que nous connaissons sur le continent posent également un problème d’identité, d’épanouissement individuel, etc. Lorsque les chaines de télévision au Sénégal, avec les nouvelles séries, nous présentent des films qui font l’apologie de la drogue, du sexe, de l’argent facile ou encore de l’homosexualité, forcement cela nous impose une autre identité…. Ce que je propose c’est que notre cinéma, de sa naissance à aujourd’hui, doit interroger son identité et notre identité.»