Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal «C’est une grande perte pour la communauté artistique»

«Hamidou était d’abord un ami, un frère. Il était vice-président de l’Association des écrivains du Sénégal. Il était aussi le trait d’union entre la communauté artistique et le président de la République, pas uniquement les étrangers. Il s’occupait de tous les artistes et de toute la communauté artistique et littéraire. Il y a juste deux jours, il m’a appelé le vendredi pour me dire qu’effectivement il devrait être présent à l’hommage à Rahmatou Sambou Seck, mais qu’il ne pourrait pas être là. Il ne peut pas représenter le président (de la République), parce qu’il était hospitalisé (…) Ce qui m’a le plus marqué chez l’homme, c’était sa profonde connaissance du milieu culturel. D’abord, il avait une bonne formation. Ensuite, il était très attaché à la communauté et aux jeunes parce qu’il recevait beaucoup de jeunes auteurs et de chanteurs. Il donnait des conseils. Moi, j’ai eu la chance d’avoir deux de mes œuvres préfacées par lui. Donc, c’est quelqu’un qui était très regardant sur les œuvres. C’était aussi un bon éditeur. Il ne faut pas oublier qu’il a été aussi conseil pédagogique et directeur littéraire de Présence africaine. Il a été vice-président du comité de lecture du Prix des 5 continents. C’est une grande perte pour la communauté artistique.»

Professeur Massamba Guèye : «C’était un homme d’une intelligence inouïe»
«Nous perdons un savant éclectique. Nous perdons quelqu’un qui, non content d’être philosophe, a été le premier philosophe à oser sortir de la philosophie traditionnelle et à aller faire un mémoire sur les chansons de Ndiaga Mbaye. Nous avons quelqu’un qui a toujours compris que le savoir africain était véritable. Donc, un Professeur de philosophie émérite, mais certifié aussi. En plus de cela, c’était quelqu’un qui voulait que la charte du Mandé de Soundiata Keïta soit montrée. Il avait monté une commission avec les grands écrivains. Et c’est cet héritage-là qu’il nous laisse aujourd’hui.
Moi, ce qui m’a marqué chez lui, c’est sa capacité à écouter les discours contradictoires. On pouvait ne pas être d’accord avec lui, il était capable de lire ce qu’on a écrit contre lui et de répondre automatiquement sans être en colère. C’était un homme d’une intelligence inouïe, mais aussi d’une qualité exceptionnelle. Un grand lecteur et un grand écrivain.»

Baba Maal, artiste-chanteur et ami du défunt : «Si Baba Maal est devenu Baba Maal, c’est grâce à Hamidou Dia»
«C’est un ami. On a fait le Lycée Charles de Gaulle ensemble, le Foyer artistique, littéraire et culturel du fleuve. Tout ce que je peux dire, si Baba Maal est devenu Baba Maal, c’est grâce à Hamidou Dia et Kane Diallo qui ont pris leur bourse d’étude quand ils étaient à Rouen pour me faire venir en France et commencer ma carrière. Et depuis lors, nous sommes restés très attachés. Ce que je retiens de l’homme, c’est son intelligence exceptionnelle, sa grandeur, le fait d’être attaché, malgré qu’il soit très intellectuel, à son patrimoine culturel et son origine.»