Contre la promesse de Ousmane Sonko, tête de liste de Pastef, d’abroger la loi d’amnistie, Ismaïla Madior Fall, ancien ministre de la Justice, milite pour la mise en place d’une «Commission justice et réconciliation», en référence aux derniers événements tragiques au plus fort de la tension politique avant la troisième alternance. Par rapport aux éventuelles poursuites contre l’ancien Président Macky Sall agitées par les membres du régime, M. Fall déclare que ce dernier «ne peut être tenu responsable de quoi que ce soit». Par Amadou MBODJI –
Ismaïla Madior Fall (IMF), ancien ministre de la Justice, milite plutôt pour «une Commission justice et réconciliation», en réaction à la sortie de Ousmane Sonko, tête de liste de Pastef, qui annonce la volonté de son camp d’abroger la loi d’amnistie une fois la majorité parlementaire acquise. Une promesse faite par le Pm lors de son meeting à Ziguinchor, vendredi dernier. Sonko justifie cela par le fait que «cette loi favorise l’impunité et, par conséquent, tous ceux qui y sont impliqués, y compris l’ancien Président Macky Sall, doivent rendre des comptes».
En réaction à la promesse du Pm, IMF prône la mise en place d’une «Commission justice et réconciliation». La tête de liste départementale de Takku Wallu Senegaal à Rufisque soutient que c’est la «voie qu’il faut emprunter aujourd’hui», car «des événements malheureux se sont produits dans le pays, et l’Etat avait la responsabilité de faire face». Selon lui, sans l’intervention de l’Etat, cela aurait entraîné un «effondrement de l’Etat et de la démocratie», ajoute le professeur de Droit. De passage à l’émission «Le Grand Jury» de la Rfm hier dimanche, l’ancien ministre de la Justice considère que ces événements «relèvent d’une responsabilité collective de la société sénégalaise». C’est pourquoi, dit-il, il faut «aujourd’hui trouver une formule de justice réconciliatrice pour tout le Peuple sénégalais». Comme l’a évoqué le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, il s’agit d’une commission vérité, réconciliation et pardon, comme cela s’est passé dans certains pays.
A en croire l’ancien ministre de la Justice, «dire que la responsabilité de ces événements revient à l’ex-Président et à son camp est à relativiser, car des membres de l’opposition ont également appelé à manifester». En évoquant la possible abrogation de la loi d’amnistie, IMF se demande : «Qui a intérêt à l’abrogation de cette loi ?» Pour lui, «personne n’y gagnerait».
Une poursuite contre Macky «n’est pas envisageable»
Le professeur de Droit précise que «l’idée avancée par certains d’une possible poursuite contre le Président Sall n’est pas envisageable, à moins qu’il y ait des mesures spécifiques». Selon lui, Macky Sall «ne peut être tenu responsable de quoi que ce soit dans ces événements». Il explique que «ce n’est pas Macky Sall intuitu personae, mais le président de la République. Dans ce cas, il ne peut être poursuivi que pour haute trahison, ce qui n’est pas clair».
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