Courant toujours après la satisfaction de leurs revendications, les inspecteurs de l’éducation nationale vont entamer ce lundi leur 12ème plan d’action. En conférence de presse hier, le secrétaire général du Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale (Siens) a dénoncé le dilatoire du gouvernement malgré les dégâts collatéraux causés par cette longue crise sur le système éducatif.

Le Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale (Siens) ne compte pas suspendre son mouvement de grève tant que ses revendications ne sont pas satisfaites. En grève depuis plus de 5 mois, le Siens va entamer à partir du lundi 5 novembre son 12ème plan d’action. Celui-ci se déroulera jusqu’au 24 novembre et sera ponctué par «le gel des examens professionnels, de la supervision des cellules d’animation pédagogique, le boycott des activités liées aux projets et programmes, des grèves totales de 3 jours par semaine dans les structures déconcentrées». Face à la presse hier, le secrétaire général du syndicat a fait savoir qu’il est également prévu une marche nationale le vendredi 23 novembre et des points de presse dans toutes les sections pour informer l’opinion de la situation d’instabilité actuelle. M. Sarr a, par la même occasion, rappelé les revendications des inspecteurs de l’éducation qui tournent autour du «cadre réglementaire avec la nécessité de réviser certains textes, la suspension des appels à candidatures qui posent problème avec une procédure très contestée du fait de leur manque de transparence et les multiples anomalies et dysfonctionnements relevés». Les inspecteurs se plaignent aussi de la gestion de leur carrière. Selon le secrétaire général du Siens, «il y a la question des lenteurs liées aux procédures de classement, d’avancement, la problématique de la mobilité horizontale». A cela, l’inspecteur ajoute la demande de disponibilité ou de détachement «parce que les inspecteurs sont attirés par les autres secteurs beaucoup plus attractifs que celui de l’éducation». Sur ce point, le syndicaliste estime qu’il y a un travail à faire pour maintenir les personnels qui évoluent dans le secteur de l’éducation. D’ailleurs, M. Sarr souligne que l’Unesco, dans un rapport, avait recommandé pour avoir une école de qualité performante de faire en sorte d’attirer «les élites, les meilleurs esprits dans le secteur de l’éducation et les y maintenir, notamment par un système de rémunération attrayant». Sauf que, pour l’inspecteur de l’éducation, «ce n’est pas ce que nous observons dans ce pays où les acteurs de l’éducation sont très attirés par d’autres secteurs» à cause de l’appauvrissement et la fragilisation du secteur. Tout comme les enseignants, les inspecteurs de l’éducation nationale dénoncent les écarts et incohérences dans le système indemnitaire. D’après El Cantara Sarr, comparé aux autres corps de l’Administration publique exerçant les mêmes fonctions et de même niveau hiérarchique, on constate un écart au détriment des inspecteurs de l’éducation. Ils dénoncent aussi «le retard inexplicable constaté dans la prise du décret fixant le montant de l’indemnité de logement des inspecteurs».
Le Siens, lors de sa rencontre avec la presse, a déploré «la démarche du gouvernement qui ressemble par ces nombreuses phases de silence à du dilatoire». A en croire le secrétaire général du Siens, les deux rencontres avec le Premier ministre «n’ont débouché sur aucune avancée significative malgré les dégâts collatéraux subis par les acteurs». Le syndicaliste fustige également «le manque d’enthousiasme du ministre de l’Education nationale qui, à l’ opposé du comportement attendu d’un ministre de tutelle, s’illustre malheureusement par des tentatives d’intimidation des inspecteurs en grève».

Soutien des syndicats de l’enseignement
Pour se faire entendre, le Siens avait convié à cette rencontre des syndicats d’enseignants, des associations de parents d’élèves, des membres de la société civile. D’après El Cantara Sarr, cette plateforme d’échange inclusive et de plaidoyer a été initiée «en vue d’appeler le gouvernement à diligenter la convocation d’une deuxième plénière qui cette fois-ci devra être décisive et servir de cadre de formulation des réponses précises aux différentes préoccupations». Conscients des conséquences de la grève sur le système éducatif, les différents secrétaires généraux de l’enseignement, qui ont pris part à cette rencontre, ont insisté sur la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin à cette crise. Abdoulaye Ndoye du Cusems trouve, pour sa part, inadmissible dans un pays où on parle d’éducation de qualité qu’un syndicat en soit à son 12ème plan d’action sans que des solutions ne soient trouvées. M. Ndoye, qui déplore la dévalorisation du «corps d’élite», constitué par les inspecteurs de l’éducation, appelle le gouvernement à aller dans le sens de trouver une solution à ce problème. Cheikh Mbow de la Cosydep a, pour sa part, attiré l’attention sur le déficit en inspecteurs avec le ratio un inspecteur pour 100 enseignants alors que la norme est un inspecteur pour 50. Selon lui, ce sont des problèmes qui gangrènent le secteur et auxquels il faut trouver des solutions au plus vite.
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