Impact de la crise sociopolitique à l’école : Position concertée des acteurs de l’éducation

Depuis le déclenchement de la présente crise sociopolitique, des acteurs-clés de l’éducation, à savoir le G7 et la Cosydep, ont tenu une conférence de presse pour apprécier ses impacts sur le système éducatif, construire un large consensus, consolider leur posture et formuler des recommandations.Par Badé SECK –
La crise sociopolitique que traverse le Sénégal n’est pas sans conséquences néfastes pour l’école sénégalaise. En effet, dans le secteur, on aura noté : des mouvements de grève d’élèves et d’étudiants, des manifestations publiques ayant enregistré quatre morts dont deux (2) étudiants de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, des syndicats d’enseignants engagés dans la mouvance contestataire et d’autres préférant prendre du recul. Face à cette situation, la Cosydep, en collaboration avec le G7 qui regroupe les syndicats d’enseignants les plus représentatifs, renouvelle ses recommandations anticipatoires et engage un plaidoyer pour la sécurité des infrastructures, des apprenants et de leurs enseignants. Au cours d’un point de presse tenu hier, les syndicalistes et la Société civile active dans le domaine de l’éducation ont rappelé que les expériences démocratiques vécues par les organisations syndicales, à travers l’organisation réussie d’élections de représentativité depuis 2011, démontrent à suffisance qu’elles peuvent valablement inspirer la classe politique dans la production de réponses pertinentes aux différentes problématiques auxquelles le pays est confronté dans le cadre de cette crise. Dans cet esprit, la Cosydep et le G7, mesurant la gravité et la complexité de la situation, soucieux de la préservation de l’intégrité de l’école et de l’université, socles de production du capital humain, et tirant les enseignements des crises sociopolitiques que le Sénégal et l’Afrique ont traversées, ont formulé des recommandations urgentes et «consolidantes». S’agissant de la recommandation urgente, en vue de contribuer à dépasser la crise sociopolitique actuelle, ils invitent principalement le Conseil constitutionnel à assumer en toute responsabilité, conformément aux attentes des Sénégalais, son rôle d’arbitre sage, indépendant et éclairé, pour faire respecter sa décision d’organiser l’élection présidentielle dans les délais prévus par la loi fondamentale et à préserver la crédibilité, la légitimité ainsi que la transparence du processus électoral. Pour ce faire, Cheikh Mbow et les secrétaires généraux des syndicats interpellent le président de la République, gardien de la Constitution, à renforcer davantage l’autorité du Conseil constitutionnel, seul repère stable dans ces moments troubles. Les acteurs politiques et candidats sont aussi attendus à s’engager pour un respect strict des délibérations et à décliner leurs ambitions pour l’éducation. Mieux, les leaders de toutes catégories sont conviés à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants. Dans leur recommandation «consolidante», ces derniers interpellent exclusivement le président de la République qui sera élu. Les acteurs demandent aux candidats à cette élection présidentielle de s’engager en cas de victoire à : consolider les fondements de la démocratie sénégalaise, œuvrer à une dépolitisation de l’administration publique, refonder l’école et l’université conformément aux aspirations du Peuple et aux recommandations des Assises nationales de l’éducation et de la formation, renforcer significativement la résilience du système en termes de sécurité des infrastructures, de mise aux normes des établissements, de protection des apprenants et des person-nels.Pour finir, les acteurs ont encouragé les mesures de dégel qui sont prises avec l’autorisation de manifestations citoyennes et la libération de prisonniers dits politiques, parmi lesquels des enfants et jeunes qui doivent bénéficier d’un dispositif de prise en charge psycho-sociale et de mesures pour l’effectivité de leur droit à l’éducation. Dans leur déclaration toujours, la Cosydep et ses collaborateurs ont pris acte du retour des enseignements en présentiel à l’Ucad, tout en signalant l’urgence de prendre les dispositions idoines pour combler les lacunes et dissiper l’angoisse des nouveaux bacheliers.
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