La pandémie du coronavirus a entraîné une crise sans précédent sur les plans économique et sanitaire. Selon les révélations de la Coalition des centrales syndicales du Sénégal, la crise a causé plus de 11 000 pertes d’emplois. Les syndicalistes demandent à l’Etat de légiférer de façon durable sur les mesures de protection des travailleurs et de soutenir davantage les entreprises. 

L’impact de la crise sanitaire du Covid-19 est fortement ressenti dans la vie sociale et professionnelle du pays. Il a entraîné une «dégradation très avancée des conditions de vie et de travail des milliers de travailleurs dans le pays». Selon Cheikh Diop, le Secré­taire général de la Cnts/Fc, plus de 11 000 pertes d’emplois ont été notées depuis le début de cette crise. «Comme l’évaluation est dynamique ce chiffre n’est pas exact», précise-t-il.
En fait, après un diagnostic de la situation des entreprises et des travailleurs en cette période de la crise sanitaire du coronavirus, la Coalition des centrales syndicales du Sénégal s’est émue de la dégradation avancée des conditions de vie et de travail des milliers d’employés sénégalais. Selon les syndicalistes, «plusieurs secteurs-clés de l’économie nationale ont fini de plonger dans une situation de récession jamais enregistrée dans le pays». Une situation causée par la fermeture de certaines entreprises et du licenciement des travailleurs dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration et des agences de voyage entre autres. Mais cela ne doit pas être un prétexte pour licencier des employés, soutiennent les syndicalistes. D’après eux, «avec la saison touristique qui démarre, les promoteurs hôteliers estiment insuffisant le soutien financier de l’Etat pour maintenir leurs activités et sauver des emplois et menacent tout bonnement de fermer boutique». Ce qui peut jeter dans la rue plus de 20 mille travailleurs.
Selon Elimane Diouf, Secré­taire général de la Csa, les entreprises «doivent éviter de licencier les travailleurs en profitant de la situation même en période de pandémie». Toutefois, il reconnait que malgré la loi d’habilitation mise en place par le président de la République qui permettait de payer les employés à hauteur de 70% de leurs salaires, certaines entreprises ne pouvaient pas tenir après les trois mois et ont fermé. A côté de cela, les services de l’Etat procèdent à la violation de certaines libertés. Dans la même veine, informe le Secrétaire général de la Csa, le directeur de l’Aps (Agence sénégalaise de presse) a licencié deux cheffes de département et de service et a suspendu le salaire et les activités professionnelles du Secrétaire général du Synpics.
Par ailleurs, il y a la situation de la Compagnie sucrière où les travailleurs sont menacés «parce que l’entreprise ne peut plus vendre du fait d’une importation importante et frauduleuse du sucre au Sénégal». C’est aussi, souligne Elimane Diouf, le cas de la Sonacos qui peine à trouver des arachides pour faire fonctionner ses unités à cause des opérateurs privés chinois qui achètent les graines. Dans des entreprises comme Sabodala, les employeurs ne veulent pas entendre parler de la création des syndicats, dit-il.
Face à ces violations, la Coalition des centrales syndicales du Sénégal demande à l’Etat de légiférer de façon durable sur les mesures de protection des travailleurs et de soutenir davantage les entreprises en difficulté. Les syndicalistes comptent mettre un plan d’actions s’ils ne sont pas écoutés en organisant une marche nationale en guise de riposte contre les multiples agressions dont sont victimes les travailleurs.
Ils ne vont peut-être pas arriver à ce stade. Hier, le Président Sall a annoncé en Conseil des ministres que son objectif, sur la période 2020-2021, est de créer 2211 emplois verts pour renforcer la sensibilisation et l’appropriation par les populations du Programme national de reforestation, qui matérialise la volonté du Sénégal de développer l’atténuation et l’adaptation face aux changements climatiques.