Savez-vous que notre patrimoine culturel et naturel serait menacé ? A cause des conflits, manifestations, changements climatiques qui pèsent sur notre planète, le risque est devenu trop grand.

Par Justin GOMIS – Le patrimoine culturel et naturel est vraiment menacé, si l’on en croit Pr Amadou Camara. D’après l’inspecteur de l’Education et de la formation, qui prend part à l’atelier de 3 jours sur l’éducation au patrimoine mondial, ces menaces sont liées aux conflits, manifestations qui se déroulent un peu partout dans le monde et aux changements climatiques qui pèsent sur notre planète. «Vous avez les guerres, les conflits, et il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent menacer le patrimoine. Il y a nos manières de vivre, d’agir, de cultiver qui constituent autant de menaces pour le patrimoine. Tout cela est source de menaces pour la préservation du patrimoine culturel et naturel», dit l’enseignant.

Des informations confirmées par Aliou Ly, le Secrétaire général de la Commission nationale sénégalaise pour l’Unesco. «Il y a 50 ans, l’Unesco, lors de sa 17ème Conférence générale, constatait que de graves menaces de destruction et de dégradation pesaient sur le patrimoine culturel et naturel de l’humanité partout dans le monde. Ainsi, dans le souci de le protéger, elle adoptait le 16 novembre 1972, la Convention sur le patrimoine culturel et naturel dont le cinquantième anniversaire a été célébré il y a quelques mois. Cependant, malgré l’adoption de cet instrument juridique, ce patrimoine est encore menacé ou agressé, soit en raison de sa méconnaissance, soit en raison d’actes naturels de survie ou de phénomènes de détérioration qui pourraient causer sa disparition», indique-t-il.

Mais, les organisateurs estiment que ces menaces qui pèsent sur l’humanité ne sont pas à négliger. Elles doivent être prises au sérieux au regard des conséquences qu’elles peuvent engendrer dans le monde. «Si nous ne préservons pas le patrimoine, nous allons à la dérive. Pour vivre, et bien vivre sur notre planète, il faut que nous préservions nos acquis culturels, sociaux et naturels. Ce que mère nature nous a légué. C’est très important de préserver tout cela. Parce que sinon, c’est l’existence de notre planète qui est remise en cause. Et par-delà l’existence de notre planète, c’est l’existence de l’humanité qui peut être remise en cause», avertit Pr Amadou Camara.

C’est pour cette raison, et pour la deuxième fois en dix ans, que la Commission nationale de l’Unesco organise depuis hier un atelier sur l’éducation au patrimoine mondial à l’endroit des enseignants qui sont dans les classes, des formateurs, des enseignants qui sont dans les Crfe (Centre régionaux de formation des personnels de l’éducation), des inspecteurs de l’enseignement moyen et secondaire, des inspecteurs généraux et des formateurs au niveau de la Fastef.

L’objectif de cette rencontre, c’est d’outiller les enseignants pour qu’ils puissent être des acteurs engagés au service du patrimoine mondial au Sénégal, développer chez eux des compétences par l’acquisition de connaissances sur le patrimoine et ses enjeux, insérer tout cela dans les programmes d’enseignement, apporter des formes d’éducation, sensibiliser et éduquer les jeunes à la préservation du patrimoine.

Une démarche pédagogique qui entre dans le cadre de la sensibilisation en vue de la préservation du patrimoine culturel et naturel dans le monde en général et au Sénégal en particulier. Il s’agit, pour Aliou Ly, «de former le citoyen de demain, fier de son legs culturel et prêt à œuvrer pour sa préservation». Car, à l’occasion des guerres ou conflits de tous genres, les gens ne font pas de distinction. «Les gens peuvent s’entretuer à l’occasion des guerres, manifestations, mais il faut quand même préserver ce que l’humanité a de plus cher. C’est la mémoire collective. C’est la mémoire de l’humanité. Si un homme perd sa mémoire, il cesse d’être homme», avertit à son tour Pr Amadou Camara.
Ce qui amène le Secrétaire général de la Commission na­tionale sénégalaise pour l’Unesco à rappeler «que nous avons hérité le patrimoine de notre histoire et de la nature, nous avons la responsabilité de le transmettre aux générations à venir». Et, «pour cela, nous devons le sauvegarder selon les termes de la Convention de 1972».

D’après Aliou Ly, le ministère de l’Education nationale est en train de promouvoir un acte d’éthique à travers cette formation des enseignants pour une meilleure connaissance du patrimoine culturel et naturel, en vue d’assurer une protection pérenne.

A l’en croire, c’est par une obligation assumée qu’on peut conserver le droit du patrimoine culturel et naturel «à travers une pédagogie» et «une élaboration concertée des méthodes systématiques, qui permet cet enseignement».

En attendant les recommandations qui vont sortir de cet atelier de formation et qui feront l’objet d’une publication à l’Unesco et seront mis à la disposition des enseignants pour renforcer ce qui est déjà dans les programmes afin de permettre aux enseignants de disposer de ressources pour améliorer leur pratique pédagogique, les organisateurs vont faire d’abord faire l’état des lieux du patrimoine dont une partie est déjà enseignée dans le programme d’éducation civique, d’histoire et de géographie, et de Svt.
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