Impact économique des violentes manifestations politiques : Le privé national compte les dégâts par milliards

Le droit d’expression ne doit nullement empiéter sur celui des pères de familles de subvenir aux besoins de leurs familles. Et pourtant, c’est ce que le privé national a subi lors des dernières manifestations politiques. Le pillage, la destruction et la restriction d’internet ont éprouvé l’économie nationale qui, faut-il le rappeler, peinait à absorber la demande d’emploi.
Des manifestations politiques, le privé national a payé le plus lourd tribut. 14 banques ont été impactées. «La Société générale a payé le plus lourd tribut avec 5 agences vandalisées. La nature des dégâts va de la destruction de Gab, d’enseignes et parfois des incendies sont notés. C’était au moment où la banque était ouverte avec des clients à l’intérieur», a expliqué Bocar Sy de l’Association des banques et établissements financiers. Pour le président de l’Apbefs, «le coût de la remise en l’état, ce sont 150 millions par agence, alors qu’on a dénombré 31 agences. Malheureusement, c’est de l’argent qu’on devait investir dans des zones où notre présence laisse à désirer».
Un autre secteur, qui n’a pas subi de dégât matériel, qui va payer au prix cher la diffusion des images de pillage et de vandalisme, c’est le tourisme. Même si un chiffre précis expliquant les conséquences n’est pas encore disponible, Aimé Sène des hôtels Fleurs de Lys fait état d’une perte de plus de 300 millions pour son réceptif hôtelier. «Dès que les manifestations ont commencé, les gens se sont retirés des hôtels. Ils ont écourté leurs séjours. Et naturellement les séminaires ont été annulés», a-t-il regretté.
100 stations d’essence pillées
Si le secteur ne compte pas les dégâts pour le moment, le patronat des services pétroliers ne peut pas dire la même chose. Plus de 100 stations d’essence ont subi la foudre des pilleurs. Mouhamed Chagouni, le président du groupement des pétroliers professionnels, est d’ores et déjà convaincu que les dégâts matériels vont dépasser les 3 milliards de francs Cfa.
Les transporteurs sont aussi dans la même logique. Des impactés, les grandes surfaces sont les plus mal loties. En effet, Auchan a été obligé de fermer 7 magasins dans la banlieue, tous saccagés. 300 collaborateurs sont en chômage technique. A titre d’exemple, en mars 2021, l’enseigne avait perdu plus de 15 milliards pour le pillage de 19 de ses magasins. Sup’eco, qui a vu ses deux magasins en banlieue saccagés, estime le préjudice à plus d’un milliard, en attendant une évaluation complète.
Le numérique durement touché
Toujours dans la même dynamique, Orange chiffre ses dégâts matériels à plus de 677 millions Cfa.
Par contre, Wave indique que la restriction de l’internet a fait baisser ses activités de 40%, en plus de placer la fintech dans une situation de risque de faillite. «La coupure d’internet a été problématique. Nous avons constaté une baisse de 40% sur les activités lors des deux jours. Ce chiffre se retrouve au niveau des volumes. Ça impacte les banques, les grands facturiers comme la Senelec. Cette baisse se traduit par des effets sociaux graves. Les Sénégalais qui recevaient de l’aide de la diaspora, la dépense quotidienne, ont été coupés. Ce sont plus de 7 millions de clients qui ont été impactés», a informé Coura Sène, la Directrice générale.