La centrale à charbon de Bargny est-elle un risque pour la survie des populations de cette localité ? La Cicodev a posé le débat samedi à l’occasion des «Grandes conférences du Quoti­dien» du Groupe avenir communication. En réponse, la Senelec a dissipé les nuages qui planent au-dessus de ce projet.

L’érection d’une centrale électrique à charbon de Bargny préoccupe la Cicodev. Dans le cadre des «Grandes conférences du Quotidien» organisées samedi par le Groupe avenir communication, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement  a posé le débat sur la «pertinence» de ce projet qui depuis l’annonce de sa construction en 2008, fait face à un rejet de la part des autorités municipales et des populations riveraines préoccupées par les impacts environnementaux et sanitaires. Face au directeur général de la Senelec Mouhamadou Makhtar Cissé et son équipe, le directeur exécutif de Cicodev-Afrique a indiqué que le Code de l’environnement «dit clairement que les établissements classés doivent se mettre à au moins 500 mètres des premières habitations» et que «ce n’est pas le cas à Bargny où les premières habitations se trouvent à 480 mètres».
M. Kanouté voit un «problème de justice sociale et d’équité» dans le projet. Il dit : «Les localités de Minam 1 et Minam 2 qui abritent le site étaient réservées à ceux qui sont victimes de l’avancée de la mer. Les compensations qui leur ont été faites ne me semblent pas tout à fait justes. Une parcelle à Bargny, c’est 1 million 200 mille. On offre à chacun 400 mille.» Avec la mer qui avance de 2 à 3 mètres par année à Bargny, il signale que «les experts disent qu’en 2045, cette localité va disparaitre».
En outre, alerte-t-il,  «les eaux de refroidissement qui sont utilisées par la centrale sont déversées dans une zone de reproduction biologique des poissons dans une commune où 70% de la population dépendent de la pêche pour leur emploi». Éga­le­ment, «un risque de stress hydrique se pose, parce que la centrale va utiliser énormément d’eau, c’est-à-dire 4,2 millions de m3 par an, soit le double des besoins de la population qui se chiffre à 60 mille habitants, qui utilise 1,2 million de m3 d’eau par an», souligne la Cicodev.

70% du projet réalisés
En réponse, le directeur des Grands projets de production en charge des énergies renouvelables de la Senelec juge d’emblée que «ce projet a été fait dans les règles de l’art». «Une étude environnementale et sociétale a été réalisée et un quitus environnemental a été délivré par le ministère de l’Environnement. Les populations impactées ont été compensées par la Senelec pour le compte de l’Etat du Sénégal. Un plan de gestion environnemental a été concocté et est suivi par la direction de l’Environnement. Des réunions et des audits périodiques sont faits sur le site», rassure Issa Dione. Avant de pour­suivre : «Aujourd’hui, cette centrale est à 70% d’avancement. Nous demander de l’abandonner serait irréaliste. Le gouvernement sénégalais est responsable et ne va pas mettre ses populations face à des risques.»
D’après lui, la bande des 500 m ne se mesure pas par rapport au mur de clôture de la centrale, mais par rapport aux installations de production, à la tribune, à l’alternateur et la chaudière. Pour l’alimentation en eau de la centrale, M. Dione rappelle qu’une conduite est en cours de réalisation pour alimenter la centrale et «plus tard, il y a une usine de dessalement qui va être installée pour satisfaire les besoins de la centrale, mais aussi pour aider à solutionner les problèmes d’eau de Bargny».