L’Afrique reçoit chaque année 44 milliards de dollars Us d’aide publique au développement. Une somme que les Etats africains peuvent financer si les Flux financiers illicites (Ffi) ne faisaient pas perdre 89 milliards de dollars Us chaque année, selon Elymane Pouye, inspecteur principal des impôts.Par Malick GAYE –

89 milliards de dollars, c’est la somme estimée perdue par l’Afrique à cause des Flux financiers illicites (Ffi), selon l’inspecteur principal des impôts, Elymane Pouye. Ce chiffre, qui est une estimation réduite, pourrait financer l’aide publique au développement et une bonne partie des Objectifs de développement durable (Odd). En effet, l’Afrique reçoit annuellement, 44 milliards de dollars Us d’aide au développement, soit la moitié de la somme perdue à cause des Ffi. C’est au cours d’un atelier de renforcement de capacités organisé par le Forum civil à l’endroit des journalistes qu’Elymane Pouye a tenu ces propos.
Si pour l’heure, des estimations par pays ne sont pas disponibles, l’inspecteur principale des impôts a expliqué que le Sénégal, qui a un déficit budgétaire de plus de 6%, est plus que préoccupé par la mobilisation de ressources financières en cette période de pandémie. «Il va falloir trouver les 600 milliards de déficit budgétaire, et en même temps continuer à financer le développement public et honorer des engagements avec la dette publique», a-t-il déclaré pour expliquer la complexité du problème des Ffi. Avec la crise sanitaire, le besoin de barrer la route aux flux financiers illicites pour capter ces ressources devient une nécessité. C’est à cet effet que les journalistes sont mis à contribution. Ils ont été sollicités pour faire des investigations sur les transactions commerciales.
Les Ffi désignent les fonds qui sont reçus, transférés ou utilisés de façon illégale au-delà de la frontière d’un pays. Ils peuvent prendre de multiples formes, allant d’un simple virement par un particulier vers une banque étrangère sans payer d’impôt, ou un transport physique par avion, d’argent liquide issu de la corruption, à des constructions financières très compliquées, structurées en plusieurs couches dans des juridictions différentes, afin de cacher l’identité du propriétaire.
Les Ffi sont regroupés habituellement, en trois catégories : les transferts illégaux dans le cadre des activités commerciales légales ; l’évasion fiscale internationale, notamment via les paradis fiscaux et la falsification des prix des transactions commerciales pour éviter ou minimiser les paiements des douanes et des impôts sont des activités-clés. Les transferts des capitaux d’origine illégale : il s’agit de blanchiment d’argent provenant du trafic d’êtres humains, de la drogue, des armes, des minéraux, de la corruption ou des contrefaçons. Les transferts de fonds utilisés à des fins illégales : pour alimenter la criminalité organisée (y compris le terrorisme) ou payer des pots-de-vin.
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