Le voisinage entre l’entreprise Colas et les populations de Thiawlene (Rufisque Est) s’annonce compliqué. Une bande d’habitants, non encore identifiés, de ce quartier traditionnel a pris d’assaut hier dans la matinée, l’unité de production de bitume y causant des dégâts considérables. Portail incendié, enseigne de l’usine et des portes en vitre cassées : l’alerte a eu de l’ampleur. La police et les autorités locales, appelées à la rescousse, sont vite intervenues pour tempérer les ardeurs des habitants qui se disent déterminées à faire face avec «tout ce que ça coûtera» pour préserver leur environnement. Nouvellement implantée au cœur de leur quartier, l’entreprise Colas, qui est une multinationale, produit du bitume ; une substance que les protestataires disent nocive pour la santé des habitants. «C’est par irrespect qu’on ose implanter ce genre d’usine dans notre quartier. Tout ce que nous voulons c’est qu’ils dégagent», a martelé Maguette Wone, lors du point de presse organisé par le collectif des habitants de Thiawlène hier dans l’après-midi.
«C’est une usine qui a été installée de manière sournoise à 10 mètres des maisons. Les démarches entreprises ne nous ont pas rassurés et les dangers d’une cohabitation avec elle sont réels. S’ils avaient suivi la procédure normale, il ne pourrait y avoir une autorisation d’implantation», a estimé Dr Babacar Ndiaye Amdy Diouf, porte-parole du collectif. «Pour la production de bitume des hydrocarbures aromatiques polycycliques qui sont extrêmement cancérigènes. Il y aura aussi des effets mutagènes qui vont apparaître sur le long terme sur les populations», a avisé le professionnel de la santé. Les organisations de la Société civile, venues participer au point de presse, ont appelé l’Etat à réagir.
«Indexer Colas n’exclut pas d’indexer les autorités, qui ont laissé cette entreprise s’installer. Les populations ont été  abusées et si l’Etat n’agit pas, il devient complice. Il faut que justice soit rendue à ces populations, car ils ont droit à un environnement sain», a laissé entendre l’activiste Mamadou Diop Thioune, membre du Hcct. «C’est toujours une honte de voir l’Etat réagir après des débordements. On ne peut pas imposer à des populations une usine sans des concertations avec elles», a soutenu Djiby Gueye du Forum civil.
Ragaillardis par le soutien des Rufisquois des autres quartiers de la Vieille cité, les habitants de Thiawlène espèrent une prompte réaction des autorités étatiques auxquelles des correspondances ont été envoyées. Aucune réaction du côté de Colas. Pour parer à un nouvel assaut contre l’usine implantée en face de la Route nationale, un important dispositif policier a été déployé tout autour.
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