Les aviculteurs sénégalais sont inquiets par rapport à l’avenir de leur filière menacée par «l’importation frauduleuse de cuisses de poulet». Les membres de l’Interprofession avicole du Sénégal (Ipas) l’ont fait savoir hier, en demandant à l’Etat du Sénégal de prendre des mesures, avant qu’il ne soit tard. Par Amadou MBODJI –
L’Interprofession avicole du Sénégal (Ipas) est dans le désarroi. Ces aviculteurs craignent pour l’avenir de leur filière menacée par l’importation frauduleuse de cuisses de poulet. «Nous nous réunissons dans un contexte crucial, afin de traiter une question qui touche l’ensemble de notre filière avicole. En effet, malgré l’interdiction formelle établie par l’arrêté interministériel no00 77 17 du 24 novembre 2005, nous faisons face à une problématique sérieuse liée à des importations frauduleuses de cuisses de poulet et de produits de poulet. Ces pratiques illicites menacent la stabilité et la viabilité de notre filière avicole, mettant en péril des milliers de petits producteurs qui sont les battants de cette filière», a alerté hier Ahmedou Moukhtar Mbodji, lors d’un point de presse tenu dans les locaux du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr). Le président de l’Ipas rappelle que «l’interdiction mise en place par l’Etat du Sénégal a permis à nos compatriotes d’investir des sommes considérables, générant ainsi une autosuffisance en production avicole et créant des centaines de milliers d’emplois précieux». A son avis, «ces réalisations, qui sont le fruit des efforts collectifs, doivent être préservées».
«Il est essentiel de sensibiliser nos concitoyens sur les risques sanitaires que représentent ces importations frauduleuses de cuisses de poulet, la santé publique est en jeu et nous ne saurions tolérer une menace aussi sérieuse pour notre communauté», prévient le président de l’Ipas. M. Mbodji exhorte ainsi l’Etat à «renforcer son action pour faire respecter cette arrêté et mettre fin à ce fléau qui mine la filière avicole. Il est impératif que nous travaillions de concert, main dans la main, pour mettre un terme à cette pratique néfaste».
Dans le même sillage, le Secrétaire général adjoint de l’Ipas s’en prend aux «lobbies d’importateurs de cuisses de poulet, peu soucieux de l’intérêt général». Qui, selon Gora Faye, «organisent et entretiennent une fraude qui va aboutir à une destruction massive d’emplois, une perte d’investissements, l’augmentation de la pauvreté dans un contexte de chômage généralisé et de migration de populations vulnérables, au péril de leur vie».
Le Sga renseigne que «le chiffre d’affaires de la filière en 2021 s’est élevé à près de 450 milliards de francs Cfa, et plus de 50 mille Sénégalais, hommes et femmes, s’impliquent directement et indirectement au quotidien dans tous les maillons de la filière». Ainsi, ajoute-t-il, l’aviculture sénégalaise a pu garantir l’autosuffisance du Sénégal en poulet et œufs de consommation.
Constant Kenoukon, président de l’Union des organisations de la filière avicole de l’Afrique de l’Ouest, a fait le voyage spécialement au Sénégal avec ses collaborateurs pour assister au point de presse de l’Ipas, afin d’apporter un soutien aux aviculteurs sénégalais.
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