Inaccessibilité des marchés à l’assurance : L’absence de normes pointée du doigt

Les sinistres causés par les incendies dans les marchés sénégalais sont récurrents. Mais malgré la gravité des dégâts occasionnés par les flammes, ces marchés ne sont jamais indemnisés. La raison est qu’ils ne sont pas assurés. «Chaque année, on voit des marches qui brûlent, et aucun d’eux n’est assuré», a relevé hier le Directeur exécutif de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances (Fssa), lors de la cérémonie de lancement de l’association Sengov’Risk.
D’après Dr Mactar Faye, il n’existe pas d’arrêté pour la réglementation des marchés. Et celui qui existe depuis 1998, du temps du Parti socialiste, quand Abdourahmane Sow était ministre du Commerce, n’a jamais fait l’objet d’une application. «En 1998, du temps du Ps, c’était Abdourahmane Sow qui était le ministre du Commerce. Il y avait un arrêt pour réglementer les marchés. C’est le seul arrêté en termes de réglementation, et aucun marché ne l’a appliqué», a-t-il dénoncé. Une situation qui, dit-il, ne permet pas d’assurer ces marchés. «Aujourd’hui, les assureurs ont du mal à assurer ces marchés. On connaît tous la configuration des marchés. Quand il y a un incendie qui se déclare dans les marchés de Tilène ou de Sandaga, les sapeurs y vont pour la forme, car avant d’accéder au lieu où le feu s’est déclaré, tout aura déjà brûlé. Les sapeurs le savent et ils le disent. Même quand on leur informe d’un incendie à Tilène ou Sandaga, ils savent que tout va brûler avant même qu’ils n’arrivent. Mais ils ont l’obligation d’y aller», déplore l’assureur.
Et face à des sinistres de ce genre, où on dit souvent que tout a pratiquement brûlé, les gens interpellent toujours les assureurs. Selon Dr Faye, «les assureurs ne sont pas des philanthropes. Si la personne ne souscrit pas à une police d’assurance, elle n’a aucune garantie», s’est-il-désolé. Avant d’ajouter «qu’aucun assureur, après une visite lors d’un sinistre, n’accepterait d’assurer ces marchés. On a eu plusieurs pourparlers avec les assureurs, mais en fin de compte, ils ont dit qu’ils ne vont pas assurer. Nous ne sommes pas des philanthropes, pourquoi assurer des marchés où des fils traînent partout, ou il n’y a aucune possibilité pour les secouristes d’intervenir ?».
La Fssa suggère ainsi d’aller vers une assurance obligatoire. «Nous venons de recevoir une étude qui a été réalisée pour le compte de la Fanaf. On y voit au moins près de 40 assurances obligatoires. En France, on peut compter plus de 100, voire 170 assurances obligatoires. Nous sommes en train de réfléchir au sein de la fédération pour voir comment mettre en place une police d’assurance- marché», informe le président de la Fssa. Lequel rappel qu’au titre de l’année 2023, 121 milliards ont été décaissés pour payer les sinistres. Rien que dans le domaine de l’assurance dommage, plus de 50 milliards ont été payés dont 15 milliards pour les sinistres automobiles. Pour les incendies, 10 milliards ont été payés en termes d’indemnisation.
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