Incendie sur l’avenue Lamine Guèye : Park Lambaye réduit en cendres

L’incendie survenu dans la nuit du samedi au dimanche au Park Lambaye, situé à l’avenue Lamine Guèye, aurait causé des pertes de plus d’un milliard de francs Cfa. Sur place, les sinistrés essaient de reprendre le cours de leur business au milieu de ce triste décor.
Il y a les larmes, puis la résignation. L’incendie, qui s’est déclaré au Park de bois sis sur l’avenue Lamine Guèye dans la nuit du samedi au dimanche, a tout emporté. Plus d’un milliard de francs Cfa serait parti en fumée, d’après les estimations de Samba Guèye, qui a presque tout perdu dans la nuit du samedi au dimanche. «Ce que nous avons perdu dépasse le milliard de francs Cfa. Personne ne peut estimer la valeur de ce qui était dans chaque magasin, des portes en fer, des portes en bois, fenêtres en fer, battes diamants en fenêtre, toutes les places étaient chargées de ces différents types de matériaux. Nous nous en remettons au Bon Dieu», se console le vieux Guèye trouvé dans un couloir très étroit avec un regard perdu dans ce sombre décor. «Nous avons hérité, dit-il, ces places de nos parents, qui étaient là dans les années 1947-1948. Il y a eu par le passé deux incendies, en 1972 et 2005. Le dernier, c’était encore dans la nuit du samedi au dimanche et à la même heure», raconte-t-il. Il est interrompu par un coup de fil. «C’est Modou qui vient de m’appeler», s’adresse-t-il à un individu. «Où est sa place ?», demande le jeune homme. «Elle est là, tu vois là jusqu’au mur, c’est pour lui, les gros bois et contreplaqués, ce sont ses propriétés», répond le vieux.
Bien sûr, il faut se battre pour reconstruire sur les décombres fumants. L’intervention des sapeurs-pompiers a limité les dégâts, une partie du Park en bois a été sauvée. Au total, pas moins de 12 engins pompes, 2 échelles mécaniques, un camion-citerne 30 mille L et une camionnette de réserve d’air comprimé et 102 gradés et agents de terrain ont été mobilisés, selon le lieutenant, Arouna Diallo, pour circonscrire rapidement le feu. Il dit: «Nous avons été alertés hier (samedi) à 21 heures 39 minutes pour un feu de Park de bois à l’avenue Lamine Guèye, rue Tolbiac derrière la salle de vente. Arrivés sur les lieux, on a constaté que ce n’était pas juste le Park de bois mais c’était l’ensemble du périmètre contenant la salle de vente qui commençait à prendre feu. L’origine de l’incendie jusqu’à ce moment reste indéterminée. (…) Le feu est éteint mais les opérations les plus difficiles demeurent, à savoir les déblais, et dégarnissage et la surveillance pour éviter une reprise du feu». Comme souvent, les pompiers ont du mal à faire correctement leur travail : le lieutenant Diallo évoque le problème d’accessibilité, un manque criard d’hydrant, c’est-à-dire de bouches et de poteaux d’incendie. «Pour avoir un ravitaillement, il faut impérativement partir soit à l’Assemblée nationale, soit à Malick Sy, ou à hauteur de l’intendance des armées. Ici ça regorge d’industries et de petits commerces très coûteux, donc pour préserver leurs investissements, il serait judicieux de mettre à disposition de l’avenue Lamine Guèye, au moins de 2 à 3 bouches d’incendie très pérennes.» Mais Daba Wade indexe la promiscuité qui règne dans le Park, et le «désordre à cause d’un manque d’autorité».
Après avoir jeté un coup d’œil sur l’étendue du sinistre, Samba Guèye appelle à la prière de 14 heures à la mosquée calcinée. De l’autre côté, à la rue Tolbiac angle Escarfait, des familles en détresse s’apitoient sur leur sort. Matelas, ustensiles de cuisine, frigos,… sont entassés le long d’une ruelle. Agée de 64 ans, la vieille Daba Wade est entourée des siens. Ils sont pensifs et sont préoccupés à régler une urgence : où passer la nuit ? La question taraude leurs esprits. Née dans le Park, elle et sa famille y vivent. A quelques mètres d’eux, les soldats du feu, qui ont passé la nuit sur les lieux, mettent leurs dernières énergies sur les poches toujours actives. Murs noircis, pan de mur, débris de verre, zinc à terre, tas d’immondices où échappent de la fumée : c’est le triste décor de ce capharnaüm situé au cœur de la capitale, qui traîne toujours ses anomalies. Le périmètre est bouclé par la police venue sécuriser les lieux pour dissuader les bandits qui veulent profiter de la situation. «Personne ne doit toucher à quoique que ce soit tant que la police n’a pas fait le constat», vocifère une femme.