Le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités pour éviter au Sénégal de revivre la tragédie du 15 mai 1993, avec l’assassinat de Me Babacar Sèye.
Les menaces proférées par le groupuscule d’extrémistes regroupés autour du Lacos contre le Conseil constitutionnel constituent une inacceptable attaque à la République. Le chantage à la violence sur les 7 Sages doit être combattu avec la plus grande fermeté. C’est devenu une tradition, voire un rituel pour l’opposition infra républicaine de s’en prendre au Conseil constitutionnel avec lâcheté et irresponsabilité.

A la veille de chaque élection, des partis politiques ou coalitions de partis nous ont habitués à des attaques violentes contre le Conseil constitutionnel. Il n’y a guère longtemps, des membres de Yewwi askan wi, en l’occurrence Barthélemy Dias et Ousmane Sonko, ont qualifié respectivement les membres du Conseil constitutionnel de «7 singes» et de «délinquants» à la Constitution. A la fin du siècle dernier, le Conseil constitutionnel avait fait l’objet de violentes attaques et de menaces de mort de la part de membres de l’opposition. Devant l’inertie du régime socialiste et des autorités judiciaires pour punir les appels au meurtre des Sages et les dérives verbales d’alors, un président du Conseil constitutionnel, le Juge Kéba Mbaye, a été poussé à la démission lors de la Présidentielle de 1993. C’est dans ce contexte délétère que Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, a été lâchement abattu par un gang de criminels proches du Pds.

Les invectives mises à l’index du Conseil constitutionnel n’ont pas cessé malgré les avancées considérables du Sénégal en matière électorale, avec deux alternances à la tête de l’Etat et des victoires éclatantes des partis ou coalitions de l’opposition à l’occasion d’élections municipales et législatives.

Comme nous venons de le voir, ces alternances présidentielles, municipales et législatives ont été rendues possibles grâce aux améliorations qualitatives des mécanismes de gestion et règlement des processus et litiges électoraux au Sénégal depuis 1992.

Ces progrès ont été rendus possibles par l’indépendance des organes de contrôle des élections, le renforcement de leurs capacités, le rôle considérable des médias, la liberté des électeurs, la transparence et le secret des scrutins.
Avec ces acquis, les menaces du Lacos contre le Conseil constitutionnel sont inacceptables et doivent être vigoureusement dénoncése par les démocrates sénégalais. Le Lacos doit s’abstenir de tenir des propos aussi graves que «la stabilité du pays dépend aujourd’hui des sept Sages». Ce discours incendiaire est mensonger et dangereux. C’est un véritable appel au meurtre des 7 juges constitutionnels.

C’est aussi une honteuse pitrerie que d’insinuer que le Conseil constitutionnel peut fouler aux pieds les décisions de Justice.

Cela dépasse l’entendement. 
Contrairement aux affirmations des crisivores et pyromanes, la période préélectorale actuelle est la plus calme au Sénégal depuis 1963.  Le Sénégal de janvier 2024 est de très loin plus calme que celui de janvier 2000, de juin 2011 et de janvier 2012. Face aux propos dangereux de ce groupusculaire Lacos pompeusement appelé coalition composée de 29 partis politiques «lilliputiens», le gouvernement du Sénégal doit prendre toutes ses responsabilités et mettre hors d’état de nuire cette bande d’hystériques. Le ministre de l’Intérieur doit interdire ce quarteron d’excités, procéder à la dissolution de toutes ses composantes et engager des poursuites judiciaires à leur encontre.

 Qu’à cela ne tienne !
Les vociférations du Lacos ne changent rien. Le Conseil constitutionnel n’est pas à l’origine des déboires et camouflets judiciaires de Ousmane Sonko. Contraire-ment aux affirmations gratuites du Lacos, Il n’y a pas l’ombre de «manœuvres et autres complots politico-judiciaires du chef de l’Etat et de son Premier ministre visant à écarter Ousmane Sonko de l’élection présidentielle du 25 février 2024». Monsieur Ousma-ne Sonko est l’unique responsable de ce qui lui arrive. Son inéligibilité découle d’une condamnation pour diffamation et par contumace à la suite de son refus de répondre à la convocation du juge devant la Chambre criminelle.

En ce qui les concerne, les 7 Sages s’acquitteront de leurs obligations conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution et du Code électoral. La mission du juge constitutionnel consiste à vérifier, en toute indépendance, la validité des candidatures en veillant à l’exactitude de la composition des dossiers de déclaration de candidature avec les pièces suivantes :
1. un certificat de nationalité ;
2. photocopie légalisée de la carte d’identité biométrique Cedeao faisant office de carte d’électeur ;
3. un extrait d’acte de naissance datant de moins de six (06) mois ;
4. un bulletin n°3 du casier judiciaire datant de moins de trois (03) mois
5. une attestation par laquelle un parti politique légalement constitué, une coalition de partis politiques légalement constitués ou une entité regroupant des personnes indépendantes a investi l’intéressé en qualité de candidat ;
6. la liste des électeurs ayant parrainé le candidat, présentée sur fichier électronique et en support papier, conformément au modèle prévu à l’article L.57 du présent Code. Cette liste doit comprendre des électeurs représentant un minimum de zéro virgule huit pour cent (0,8%) et un maximum d’un pour cent (1%) du fichier général. Une partie de ces électeurs doit obligatoirement provenir de sept régions au moins, à raison de deux mille au moins par région. Le reste est réparti, sans précision de quota, dans toutes les circonscriptions administratives ou juridictions diplomatiques ou consulaires ;

7. une déclaration sur l’honneur par laquelle le candidat atteste que sa candidature est conforme aux dispositions des articles 4 et 28 de la Constitution, qu’il a exclusivement la nationalité sénégalaise et qu’il sait écrire, lire et parler couramment la langue officielle ;

8. une déclaration sur l’honneur par laquelle le candidat atteste être en règle avec la législation fiscale du Sénégal ;

9. une quittance confirmée par une attestation signée par le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) attestant du dépôt du cautionnement prévu à l’article L.122 du présent Code.Tout dossier incomplet à l’expiration des délais de dépôt fixés par l’article 29 de la Constitution entraîne l’irrecevabilité de la candidature.

En tout état de cause, les fanfaronnades, vociférations et autres intimidations du Lacos n’y feront rien. Elles n’empêcheront pas le Conseil constitutionnel de veiller au respect scrupuleux des lois applicables à la Présidentielle du 25 février 2024.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
Moustapha DIAKHATÉ