Ousmane Sonko a été inculpé pour viols et menaces de mort, mais reste sous contrôle judiciaire. La défense jubile parce que le Doyen des juges d’instruction a pris le « contre-pied » du procureur qui avait requis le «mandat de dépôt». Les charges de «participation à un rassemblement non autorisé et troubles à l’ordre public» sont abandonnées.

L’atmosphère était tendue. Toutes les oreilles tournées vers le Palais de justice. Les forces de sécurité ont érigé des barricades pour parer à d’éventuelles surprises. A quelques mètres de là, une foule attend l’ordonnance que le Doyen des juges, Samba Sall, va prescrire à Ousmane Sonko en présence de ses avocats. Vers 13h, le placement sous contrôle judiciaire se propage sur les médias et les réseaux sociaux, en attendant la confirmation. Ousmane Sonko, inculpé pour viols et menaces de mort, sera donc libre mais avec trois conditions : son passeport confisqué, il lui est interdit de parler à la presse et au public sur le dossier du viol et il a l’obligation d’aller émarger au tribunal tous les 15 jours pour attester de sa présence au pays.
Devant la presse, Me Bamba Cissé voit dans ce contrôle judiciaire une victoire puisque, relève-t-il, le procureur avait demandé un mandat de dépôt. «Le Doyen des juges a donc pris le contre-pied en décidant de mettre Sonko sous contrôle judiciaire. C’est un acquis favorable pour la suite», a dit l’avocat. La défense informe que les charges de «participation à un rassemblement non autorisé et troubles à l’ordre public» sont abandonnées. Une confirmation de ce vent de décrispation venu de la Section de recherches la veille, avec la libération du garde du corps et du cameraman du leader de Pastef. Mais Me Bamba Cissé précise : «La garde à vue avait expiré à 16h. Il a été maintenu là-bas par le fait d’un mandat d’amener qui n’avait plus sa raison d’être, mais pour des exigences de sécurité, nous avons préféré qu’il reste à la gendarmerie.»

Me Ciré Clédor Ly : «L’Etat a compris que force reste à la volonté populaire»
Après la déclaration des avocats, Me Clédor Ly est sorti du tribunal pour aller apporter la nouvelle aux manifestants. Qui se sont réunis derrière le périmètre de sécurité. La robe noire bien ajustée, Me Clédor Ly a rejoint la foule pour un compte rendu. Son discours a été sanction par des applaudissements et des chants. «L’Etat a compris que force reste à la loi et la loi n’est que l’expression de la volonté populaire. Cette volonté populaire a fait reculer l’Etat. Maintenant, il ne s’agit pas de libérer Ousmane Sonko, il s’agit de libérer tous ces détenus politiques et qu’on arrête de divertir les gens, de parler de mercenaires, de parler de terrorisme», a-t-il déclaré à la presse. Finalement, les pro-Sonko dopés par cette libération ont franchi le périmètre de sécurité pour jubiler devant la porte principale. Les Forces de l’ordre reculaient au fur et à mesure que la foule avançait. Devant le nombre impressionnant de manifestants, elles ont opté pour l’encadrement. La foule s’est ensuite dirigée vers la Corniche en passant devant la prison.