Le Sénégal veut accélérer son processus d’industrialisation pour bâtir une économie résiliente en vue de faire face «aux chocs exogènes», si l’on en croit Moustapha Diop, ministre du Développement industriel et des petites et moyennes industries, qui intervenait lors du 1er comité de pilotage 2022 du programme de partenariat pays Onudi-Sénégal vers l’émergence industrielle.Par Amadou MBODJI

– Seule une «économie résiliente» peut faire face à des phénomènes imprévisibles comme la pandémie du Covid-19 qui a «impacté négativement» les économies de tous les pays, avant que la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne vienne en rajouter. Pour ne pas vivre un «pire scénario», le gouvernement sénégalais a misé sur une accélération de l’industrialisation, avec sa nouvelle politique industrielle Pcp 2 (programme de partenariat pays). «Cette nouvelle politique industrielle a été élaborée dans le contexte de la pandémie du Covid-19. C’est pourquoi elle prend bien en compte les enseignements tirés de cette situation sanitaire désastreuse qui a montré combien il est important, voire primordial, de promouvoir une industrialisation inclusive et durable. A peine que nous sortons de la zone rouge de la pandémie du Covid-19, nous voilà aujourd’hui confrontés aux conséquences néfastes de la tension qui prévaut actuellement en Europe, notamment en Ukraine, avec des risques de pénurie et de renchérissement des biens et services. Sans chercher loin, nous n’avons aujourd’hui aucun autre choix que de développer notre tissu industriel local pour assurer notamment notre sécurité alimentaire, sanitaire, afin de ne plus avoir à dépendre de l’extérieur pour garantir à nos populations leurs besoins essentiels. En conséquence, le défi que nous devons relever   est celui de la mise en œuvre réussie de la nouvelle politique industrielle et, dans ce cadre, je voudrais me réjouir du fait que nous sommes en plein dans son exécution au regard des programmes en cours, parmi lesquels je soulignerai l’Agropole centre dont les travaux d’aménagement du module central de Fatick vont démarrer au plus tard le 1er mai 2022, sous l’égide de l’Agence italienne de développement», a souligné Moustapha Diop, ministre du Dévelop-pement industriel et des petites et moyennes industries, lors du 1er comité de pilotage 2022 du Programme de partenariat pays Onudi-Sénégal vers l’émergence industrielle.
Le ministre a voulu impulser une dynamique d’accélération de ce processus, avec la signature d’un protocole d’accords entre   son ministère et le Fonds souverain d’investissement stratégique, la Caisse des dépôts et consignations et le Bureau opérationnel de suivi du Pse. «Cette signature, je l’espère, va marquer un signal fort pour diligenter les actions phares devant permettre de boucler la préparation du projet au niveau de tous les bailleurs engagés, de mobiliser les financements nécessaires et passer à sa mise en œuvre», a ajouté le ministre. Amadou Seck, président de l’Union des prestataires, des industriels et commerçants du Sénégal (Upic), de dire que «la stratégie de transformation structurelle de l’économie par l’industrialisation n’est plus une option. Elle est devenue impérative face au contexte économique». Représentant «80% de l’industrie informelle au Sénégal et composée d’une centaine d’entreprises avec un chiffre d’affaires de 1500 milliards, plus de 22 mille emplois créés et 60 milliards de francs d’investissement chaque année», l’Upic, selon son président, «est engagée pour le renforcement du pouvoir d’achat des consommateurs».
Se considérant comme «une force de proposition auprès du gouvernement et des institutions de la République», l’Upic «œuvre, depuis sa création, pour une industrialisation endogène de l’économie sénégalaise, afin d’atténuer les chocs exogènes devenues récurrentes et imprévisibles». Amadou Seck déclare être favorable à «du produit et consommé local, seul gage d’une économie résiliente». Christophe Yvetot, représentant de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), rappelant les objectifs du Programme partenariat pays Onudi-Sénégal, a souligné que «c’est une initiative des Nations unies qui a été mise en œuvre en 2013, après la Déclaration de Lima sur le développement industriel inclusif et durable. Une déclaration qui a été reprise par les Objectifs du développement durable, c’est l’objectif no9 sur l’industrialisation inclusive et durable, et à la suite de cette adoption par les Nations unies,  qui souligne qu’il y a eu ensuite une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies sur la troisième décennie pour le développement industriel de l’Afrique».
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