Le Forum international sur le financement des projets ferroviaires en Afrique a démarré hier au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio. Pendant deux jours, des acteurs africains du secteur se penchent sur les voies et moyens de repositionner les rails au cœur de l’activité pour un continent qui en a besoin pour son développement. Le Premier ministre, Amadou Ba, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de la rencontre, a vanté les énormes avantages d’un moyen de locomotion qui ne bénéficie que faiblement de l’intérêt des investisseurs.Par Alioune Badara NDIAYE(Correspondant) –
L’Afrique s’est plus consacrée, ces dernières décennies, à la construction de routes qu’à parfaire son réseau de chemin de fer qui, pourtant, présente des atouts certains pour un développement endogène. Au Sénégal par exemple, la construction des autoroutes s’enchaîne avec des financements qui coûtent des centaines de milliards de francs Cfa, alors que les tentatives de réhabilitation de l’existant du rail balbutient encore.
Présidant hier la cérémonie d’ouverture du Forum international de Dakar sur le financement des projets ferroviaires en Afrique, le Premier ministre, Amadou Ba, a mentionné avec force, l’importance de ce secteur qui pourtant n’enchante que peu les autorités et les bailleurs. «Le rail offre beaucoup d’avantages comparatifs par rapport à la route. Le coût par kilomètre de voie ferroviaire réhabilitée est inférieur de 50% à celui d’une route à deux voies. Par ailleurs, le rail a aussi une meilleure longévité : les routes doivent être entièrement refaites tous les 7 à 10 ans, contre 15 à 20 ans pour les voies ferrées», a indiqué M. Ba dans son allocution. «Sa consommation d’énergie et son empreinte carbone par tonne transportée sont aussi inférieures à celles de la route et des avions, le gain pouvant atteindre en moyenne 80%», a-t-il enchaîné, rappelant dans la même veine que le transport par chemin de fer consomme quatre fois moins de carburant que par la route.
Amadou Ba vante les avantages du rail
«En définitive, un chemin de fer performant engendre toujours des bénéfices économiques multiples avec un impact positif sur le niveau des activités portuaires, une accessibilité vers les régions enclavées, une réduction de la facture énergétique», a-t-il-dit. Selon toujours le Pm, tout investissement dans le ferroviaire, accompagné de mesures adéquates, renforce la productivité à moyen et long termes de nos économies. «Mieux, les programmes d’aménagement et de rééquilibrage des territoires, en termes de capital humain et de capital physique, ne pourront être accélérés qu’avec le développement des chemins de fer», a encore relevé le chef du gouvernement.
Mohamed Rabie Khlie, président de la région Afrique de l’Union internationale des chemins de fer (Uic), a évoqué le sous-investissement en matière de réhabilitation, de standardisation et d’extension qui ne permet au réseau africain de jouer pleinement son rôle d’atout indéniable de la collectivité. «A ne considérer que la faible densité de réseau ferré africain et sa couverture territoriale ne constituant que 6% du réseau ferré mondial pour un continent représentant environ 20% de la surface terrestre et abritant près 17% de la population mondiale », a-t-il dressé, assurant que l’heure est venue de repositionner le rail en tant qu’épine dorsale de la mobilité durable au sein du continent et de le rendre plus fiable, plus viable, plus efficace, plus compétitif, plus digitalisé et plus abordable.
«Plus de 32 millions de voyageurs transportés par le Ter»
«Le financement des projets ferroviaires constitue le nœud gordien pour assurer la compétitivité, pérenniser la durabilité de nos économies», a encore relevé M. Khlie, par ailleurs vice-président de l’Uic au niveau mondial. Il a énoncé pour l’Afrique une perte de productivité de l’ordre de 40% à cause du réseau en son état actuel. La réflexion est engagée à travers la rencontre, une première du genre en Afrique, pour discuter du financement des projets ferroviaires en Afrique.
Amadou Ba a dans cette dynamique évoqué le Ter, «une étape décisive» qui, selon lui, symbolise «le renouveau ferroviaire» impulsé par le Président Macky Sall. «Après 21 mois de mise en service commercial, ce sont plus de 32 millions de voyageurs qui ont été transportés par le Ter, soit une moyenne de plus de 75 mille voyageurs par jour. Le Ter signe l’entrée de notre pays dans une nouvelle ère», a-t-il dit, parlant de cette infrastructure reliant Dakar à Diamniadio. Pas d’autre secret alors, si ce n’est de trouver les financements nécessaires pour un secteur ferroviaire africain puissant. «Le financement des infrastructures ferroviaires constitue un défi majeur en Afrique. En effet, dans la marche vers l’émergence, la construction et ou la réhabilitation de lignes des chemins de fer, ainsi que le développement des corridors et l’acquisition de matériels roulants sont essentiels», a ainsi décliné le Pm, évoquant le manque de financement et la difficulté pour les pays de trouver les ressources nécessaires sur les fonds publics. «Nous devons relever, ensemble, le défis du financement des projets ferroviaires. Ces deux jours de travaux et les recommandations qui en sortiront, nous permettrons de fixer les axes et orientations du financement des infrastructures ferroviaires, dans le contexte de la renaissance du rail partout en Afrique», a-t-il adressé aux participants du forum qui va tourner autour de 5 sessions et qui sera sanctionné de la déclaration de Dakar. Le forum est organisé par l’Uic, en collaboration avec les chemins de fer du Sénégal, pour tracer le futur du rail africain.
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