De Dakar au Cap en Afrique du Sud, de Casablanca à Addis Abeba, ce ne sont pas les assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale d’octobre  à Washington DC qui font la une de l’actualité financière et économique… Hélas, c’est plutôt  l’ouverture des bureaux d’Abidjan, de Rabat et de  Nairobi de la toute nouvelle institution des Usa  qui succède à l’Opic, Development Finance Corporation (Dfc), fonds d’investissement public indépendant qui intervient dans les projets de développement  dans les pays à revenu faible et intermédiaire d’Afrique. Les trois bureaux, qui visent la proximité avec les milieux d’affaires de notre continent,   attestent de la volonté de Washington d’amorcer son grand retour sur le continent, afin de contrer l’influence grandissante de la Chine.

L’Afrique n’étant plus la chasse gardée d’aucune puissance, c’est plus que la Chine, c’est aussi l’Inde, la Turquie et même la Russie qui veu­lent  étendre leur zone d’influence pour l’accès aux mines et matières premières du continent. Les Usa l’ont bien compris, rien ne peut se passer à partir de Washington ou se trouvait  le siège de l’Opic, dorénavant il faut être sur le continent et croiser le fer avec les Chinois et les Russes, au grand bénéfice du secteur privé africain qui voit l’offre de financement en capitaux moyens et longs diversifiée et élargie. En ligne de mire des institutionnels américains, les  projets d’infrastructures et logistiques, les  mines et  métaux stratégiques, les routes, ports, aéroports et hôtels comme au Sénégal,  bien sûr l’énergie. Dorénavant, la Chine a un concurrent et un challenger de taille sur le continent.

Avec l’implantation de  l’institution américaine à Abidjan pour couvrir la zone francophone au Sud du Sahara, c’est notre capitale qui perd en influence face à la capitale ivoirienne de plus en plus perçue comme un hub financier sous-régional malgré les avantages absolus de la capitale sénégalaise. Et pourtant, c’est le Sénégal qui a été le premier pays d’Afrique au Sud du Sahara à accueillir le Directeur exécutif de Dfc, venu en éclaireur sur le sous-continent en 2020 présenter l’institution et ses nouvelles orienta­tions.  L’institution de financement de l’Etat amé­ri­cain  avec  60 milliards de dollars Us de capital dédié au continent, soit 40 000 mil­liards de F Cfa, jouera certainement un rôle pivot dans les financements stratégiques sur le continent. Il appartient à notre secteur privé d’étoffer l’ingénierie de projet pour capter autant d’opportunités américaines, chinoi­ses, turques, indiennes… et même russes.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant Infrastructures