Initiation – «Septembre mandingue» : Mbour restaure la tradition

La collectivité mandingue de Mbour a intronisé, ce samedi au quartier Santessou, ses «Alfa-Cafos», un grand conseil des sages composé de personnalités de 85 ans et plus. Cette cérémonie, qui s’est déroulée en présence de la jeunesse mandingue, marque le retour de la gestion de la coutume et de la tradition à l’ancienne génération.Par Alioune Badara CISS –
Mbour s’apprête à célébrer, comme chaque année, son «Septembre mandingue». Un temps que la communauté mandingue de la Petite-Côte consacre à l’initiation de ses jeunes. Ces moments de sortie du «Kankourang», l’esprit protecteur des initiés, se dérouleront cette année sous le signe d’un retour aux traditions.
Lors d’une manifestation culturelle, la communauté a installé un conseil des sages, les «Alfa-Cafos», composé de personnes de 85 ans et plus. Mamadou Aïdara Diop, le Secrétaire général de la collectivité mandingue de Mbour, a exprimé sa joie face à la mobilisation. Il a précisé que la constitution de ce groupe a commencé le 22 juin, dans le but de léguer la gestion des rites et coutumes à ceux à qui elle «revient de droit». Pour Arfang Ibrahima Touré, plus connu sous le nom de Baba Touré, coordinateur du secteur mandingue, l’intronisation des «Alfa-Cafos» représente un «grand sentiment de satisfaction». Il a souligné l’importance de cette instance qui «va gérer la vie de la collectivité mandingue». La jeunesse mandingue, après avoir mené des activités de sensibilisation, se range désormais derrière ses aînés. «Aujourd’hui, nous avons rendu à nos anciens, à nos aïeuls, ce qui leur revient de droit. C’est la gestion de la coutume de la collectivité mandingue.» A en croire Baba Touré, les «Alfa-Cafos» sont chargés de donner des directives pour la gestion des jujus et des différentes activités de la communauté. D’après M. Touré, leur rôle est d’éclairer le chemin des jeunes, car «nous avons beaucoup de choses à apprendre».
Cette intronisation a également coïncidé avec le démarrage du «Septembre mandingue», une série d’activités culturelles et d’utilité publique, notamment des consultations médicales gratuites et des séances de sensibilisation.
Un arrêté préfectoral au cœur des tensions
La satisfaction de la communauté est toutefois assombrie par un arrêté préfectoral. Baba Touré a exprimé sa «surprise» et son «amertume» après avoir appris que le Préfet a autorisé des personnes non mandingues à implanter des jujus (lieux d’initiation).
«Nous avons vraiment reçu un coup de massue à la réception de l’arrêté préfectoral», regrette Baba Touré. La collectivité estime que cette décision est en contradiction avec les recommandations d’une commission mise en place par le Préfet lui-même, qui avait jugé ces personnes «inaptes».
La collectivité mandingue considère que cet arrêté risque de banaliser leur coutume et de créer une «foire d’empoigne» avec une multiplication des sites de rites. En conséquence, la jeunesse mandingue, soutenue par les sages, a décidé de ne pas rester passive.
«Nous allons attaquer cet arrêté», a affirmé Baba Touré, «et nous allons utiliser toutes les possibilités qui nous sont offertes pour l’annuler». Pour la collectivité, l’autorité doit travailler directement avec les représentants légitimes de la coutume pour éviter de telles dérives.
Le Préfet se corrige
Un appel bien entendu par le Préfet de Mbour Amadou Diop qui, dans le premier arrêté n°00039DMB/P, avait autorisé quatre entités, à savoir la collectivité mandingue, le Dioudiou Cissé Kunda, l’Association Mbour Dingol et la cellule Doumassou, à avoir des leuls. Il est revenu, 24h après, à travers un autre arrêté n°00041DMB/P, pour autoriser juste deux entités à organiser le «Kankourang» : la collectivité mandingue et le Dioudiou Cissé Kunda.
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