Intensifier la lutte contre le djihadisme en vue d’obtenir des résultats probants. Tel est l’objectif que le Niger et le Burkina Faso comptent imprimer à la nouvelle coopération qu’ils ont lancée. Les deux pays comptent œuvrer à ce que surtout le Mali les rejoigne, tout comme le Bénin et le Togo, des pays confrontés aux nombreuses attaques terroristes.Par Mamadou T. DIATTA –

Le Burkina Faso et le Niger, confrontés ces dernières an­nées à de nombreuses attaques terroristes qui ont causé la mort de milliers de personnes dans les deux pays et entraîné le déplacement de centaines de milliers de gens qui fuient leurs foyers, veulent rendre plus dynamique leur lutte contre le djihadisme. C’est dans ce cadre que ces deux pays ont décidé de nouer une coopération à laquelle ils veulent associer le Mali, le Bénin et le Togo, des pays qui font face au même phénomène. Après avoir annoncé que lui et son homologue du Burkina Faso, le Général Barthélemy Simporé, en revue de la situation sous-régionale, le ministre nigérien de la Défense, Alkassoum Indattou, se focalisera sur le Mali voisin dont il dira : «Nous avons pensé que le Mali est aujourd’hui le grand absent de la coopération dans le domaine de la dé­fense.» Suffisant alors, pour lui, d’appeler à travailler pour que «le Mali puisse revenir et assumer ses responsabilités et jouer son rôle». Cet appel a été lancé à l’issue d’une audience avec le président de la Transition au Burkina Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo. Il faut dire qu’une rencontre ayant réuni les états-majors des Armées du Burkina et du Niger s’est tenue à propos de cette nouvelle initiative lancée entre les deux pays sahéliens.
Le ministre burkinabè de la Défense indique que la rencontre de Ouagadougou a permis la mise en place des bases d’une stratégie commune de lutte anti-terroriste. Elle ouvre, à ses yeux, une nouvelle page dans la relation d’amitié et de coopération militaire entre les deux pays.
Le retrait du Mali s’est produit au milieu du mois de mai dernier. Une décision prise par les autorités de la Transition au Mali. Ces dernières ont en effet été empêchées d’en assurer la présidence. Aussi, ont-elles décidé de se retirer du G5 Sahel et de sa force conjointe, une alliance militaire luttant contre les groupes djihadistes. Pour justifier leur décision, les dirigeants ma­liens invoqueront une «perte d’autono­mie» et «une ins­trumen­talisa­tion» au sein de cette entité régionale constituée par la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger.
S’inscrivant toujours dans cette nouvelle perspective, le ministre nigérien de la Défense s’engage à tout mettre en œuvre pour un renforcement de la coopération dans le cadre de la lutte antiterroriste. Tout en déclarant ne souhaiter qu’aucun pays de la sous-région ne soit confronté à la situation vécue ces temps-ci par ses compatriotes, Alkassoum Indattou, évoquant les failles notées dans leur volonté de contrer les assauts des terroristes, dira : «Notre faiblesse, c’est que nous avons mis du temps à nous organiser. Ce temps perdu a permis à notre ennemi, à nos ennemis, de se renforcer et de s’organiser.» Ce qui ne manque pas de pousser le ministre nigérien en charge de la Défense à se montrer optimiste. Puisqu’il ajoutera : «Nous allons rattraper ce retard-là très vite, les populations seront très vite sécurisées et la frontière de nos pays sera très vite défendue. Nous allons faire reculer les terroristes.»
A la suite de son homologue nigérien, le Général Simporé renseigne qu’«il y a déjà des actions sur le terrain et la rencontre a permis d’envisager d’améliorer cette coopération à travers l’élaboration d’une stratégie commune. Ce qui nous importe, c’est le renforcement de cette alliance de coopération entre nos deux pays. Les conclusions auxquelles nous sommes parvenus vont nous permettre d’améliorer cela».
Le ministre nigérien de la Défense nationale se veut plus ambitieux même. D’autant qu’il affirme : «Au-delà de ces opérations, nous envisageons de faire d’une manière plus régulière et permanente, des opérations sur le terrain entre les différentes Forces armées pour faire en sorte qu’elles occupent le terrain, prennent le contrôle et ne puissent pas laisser un seul centimètre aux terroristes, aussi bien au Niger qu’au Burkina Faso.»
Les états-majors des Armées du Niger et du Burkina Faso annoncent avoir mené une opération conjointe dénommée «Taanli 3», qui signifie «alliance» ou «cohésion» en langue gourmantché, qui est parlée dans l’Est du Burkina Faso. Cette opération conjointe a permis la neutralisation d’«une centaine de terroristes».

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