A Dakar depuis le vendredi 20 janvier dernier, le Collectif d’action alternative artistique (C3A), a tenu hier, une conférence de presse à la Maison des écrivains, Kër Birago. Porteur du programme d’échanges artistiques entre le quartier Médina de Dakar et des artistes algériens, ce collectif a décliné Ched-Med (gagnant-gagnant) autrement dit Wecco ou Seddo (en Wolof) : un programme qui s’appuie sur le travail d’artistes médinois et algériens pour faire de la Médina «un musée à ciel ouvert».
Un travail, une double nationalité ! Voilà comment se résume le programme Ched med, qui invite les artistes médinois et algériens en symbiose pour réaliser des fresques murales sur une quinzaine de façades et pour réhabiliter une maison dans le quartier de la Médina. Venant d’Algérie et composé d’une vingtaine d’artistes pluridisciplinaires : plasticiens, photographes, infographistes, écrivains, musiciens…, le Collectif d’action alternative artistique (C3A) a déposé ses valises à Dakar, précisément au cœur du quartier Médina où il mènera ses actions de «painting». Selon Karim Abdessalam, photographe algérien et initiateur du C3A, les activités ont débuté depuis ce 20 janvier, et vont se poursuivre jusqu’au 27 janvier prochain. Il explique le choix porté sur Médina par le fait que ce quartier présente d’immenses opportunités, tant du point de vue artistique que du point de vue de son riche patrimoine. «Pas d’agent de sécurité, pas de portes blindées, pas de paiement à la porte. Médina pourrait être un musée à ciel ouvert du Sénégal connu à travers le monde. Il y a une opportunité extraordinaire au niveau de ce quartier», a-t-il confié au cours de son intervention.
Pour l’écrivain et plasticien algérien Jaoudet Gassouma, le choix porté sur les murs de la Médina, est tout aussi judicieux. Confortant les propos de Karim Abdessalam, l’écrivain insiste surtout sur le caractère humain de ce quartier et sur le professionnalisme des artisans qui y vivent. «Le Sénégal est un pays qui a ses racines, sa culture, son histoire. C’est une mosaïque de richesses, de styles. La Médina est un centre vital. C’est un immense organisme vivant avec son côté humain. Nous avons investi la ville de Dakar et Médina s’est imposée à nous. Dans ce quartier il y a un travail relativement professionnel tant au niveau artistique qu’au niveau citoyen», a-t-il indiqué. En effet, le C3A, qui a pour seul crédo l’échange, l’art nomade, transversal, la révolution et le changement de mentalité à travers l’art, la tri-continentalité, a déjà effectué une immersion artistique à la Havane (Cuba). Le programme Ched med, est donc la seconde phase, du grand périple qu’envisagent les membres du collectif, sur les trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique (latine) pour «s’enrichir» au mieux «enrichir» les réservoirs artistiques des pays qu’ils iront visiter.
«Nous avons décidé d’aller sur trois continents faire un travail d’échange, transversal. Chacun apporte un immense réservoir, dans lequel chacun apporte des choses au niveau artistique, au niveau esthétique et c’est diffusé par la suite», a mentionné Jadouet Gassouma. Les artistes médinois qui ont participé à ce projet pourront donc, à leur tour, effectuer en mai prochain, une résidence artistique à Alger afin de s’enrichir en style, en esthétique… «C’est toujours un échange transversal avec une production d’idées, de sens et d’interrogations. Nous sommes des artistes qui essayons de comprendre le monde qui nous entoure et qui essayons de poser nos questions», a fini par résumer l’écrivain Jadouet Gassouma.
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