Initiative – Pour renforcer la pratique du vélo : «Jiguen on bike» : Quand les femmes pédalent vers l’inclusion

Redonner confiance aux femmes, c’est la mission de «Jiguen on bike». Le projet invite les femmes à la pratique du vélo, qui est un moyen de braver le regard de la société et reprendre de la confiance.
Braver les dangers de la route tout en faisant un pied de nez aux préjugés ! C’est le moyen que Sama vélo et Instant bike, en partenariat avec l’ambassade des Pays-Bas, ont trouvé pour redonner de la confiance aux femmes. Le projet s’appelle Jiguen on bike. L’objectif est de promouvoir le transport écologique tout en favorisant l’inclusion sociale des femmes. En effet, en donnant des cours de vélo aux femmes, celles-ci sortent avec plus de confiance, car il faut affronter le regard inquisiteur de la société. Qui, d’ordinaire, estime que la place de la femme est ailleurs que sur un guidon de vélo. C’est certainement le plus difficile à faire gommer. La pratique en tant que telle n’est pas difficile selon les organisateurs, mais affronter le regard de la société est plus compliquée à dépasser.
«Toutes mes amies savent faire du vélo. Parfois on fait appel à Instant bike pour faire des balades sur Dakar. J’étais la seule à ne pas en faire», a expliqué Mame Léna Sané, samedi dernier à la résidence de l’ambassadrice des Pays-Bas à Dakar pour une séance de démonstration. «J’ai connu une fille qui avait reçu ce genre de remarque quand elle était à vélo. Les passants lui disaient que la place d’une femme n’était pas sur le guidon d’un vélo», a-t-elle affirmé pour parler des préjugés. «Je suis autonome maintenant. Quand je me rends à Saint-Louis, je loue un vélo pour mes dé- placements», a-t-elle affirmé pour magnifier la confiance qu’octroie la pratique du vélo.
Pour l’ambassadrice des Pays-Bas , en 20 ans, Dakar a beaucoup changé. «Jiguen on bike est important car c’est un transport durable. L’idée est d’offrir la formation aux jeunes femmes pour apprendre le vélo. En ville, il n’y a pas beaucoup de pistes cyclables. Et petit à petit, on commence. Aux Pays-Bas, le vélo fait partie de la culture. On l’utilise tous les jours. Avec ce projet, on renforce la position des femmes, on redonne la con- fiance. Etre libre, indépendante et mobile, c’est important pour nous», a dit Carmen Hagenaars. Pour Cheikh Sow de l’association Sama velo, Jiguen on bike est un outil pour l’émancipation et être libre. Pour autant, Linda d’Instant bike est persuadée que les retours négatifs ne font qu’accroître sa motivation. «Tu ne sais pas faire du vélo à ton âge ? Pourquoi tu fais ça à ton âge ? Ce sont les préjugés de ce genre que rencontrent les utilisatrices du vélo. Mais en réalité, Jiguen on bike est un moyen pour faire du sport, en même temps ça redonne confiance aux femmes. Le vélo est un moyen de transport. Pourquoi il ne devrait être utilisé que par les hommes ? C’est ouvert à tout le monde», a-t-elle plaidé. Faut-il le préciser, la première édition de Jiguen on bike a permis de former 10 femmes. Pour cette deuxième édition, ce sont 30 femmes, divisées en 3 cohortes, qui vont être formées.
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