Initiative – Protection de l’environnement : La Somone, fer de lance de la lutte contre la pollution littorale

Après la blessure de la baie de Hann, il faut aussi chasser ce syndrome de la Somone, qui doit être le fer de lance de la lutte contre la pollution au niveau du littoral. Un modèle à suivre…Par Alioune Badara CISS –
Face à la dégradation alarmante du littoral sénégalais, la communauté de la Somone se mobilise. L’aire marine protégée, en partenariat avec la mairie de la Somone, a mené hier une campagne citoyenne d’envergure pour préserver cette zone côtière prisée, notamment son aire marine protégée et sa lagune. L’objectif, c’est de transformer les comportements pour garantir un environnement propre et durable. Invité lors de cette journée, ce fervent militant pour la protection de la baie de Hann décrit le contexte. «Nous avons au Sénégal un littoral qui constitue une richesse naturelle, permettant de nombreuses activités liées à la pêche et au tourisme. Cependant, cette richesse est menacée. De plus en plus, entre Saint-Louis et Cap Skiring, c’est une pollution que nous notons sur l’ensemble du littoral. Beaucoup de déchets domestiques, beaucoup d’eaux usées, mais aussi des occupations anarchiques», regrette Mbacké Seck, qui a sensibilisé les populations sur le «syndrome de Hann».
D’ailleurs, il a rappelé que cette journée de sensibilisation découle d’une triste leçon que la baie de Hann a subie. «Ce que nous avons vécu à Hann, nous ne voulons pas que le même phénomène, cette pollution scandaleuse, se reproduise sur les autres plages du littoral. C’est pourquoi des images de la baie de Hann, devenue un symbole de la pollution côtière, ont été présentées aux habitants de la Somone comme un avertissement», déclare M. Seck.
La Somone a été choisie pour cette action-pilote en raison de sa «mairie consciente et d’une communauté très active dans la protection du littoral. L’enjeu est de taille : préserver l’attractivité des plages, la qualité de la lagune, qui attirent non seulement les touristes, mais aussi de nombreux écoliers et étudiants», soutient-il.
Parmi les pratiques décriées, le dépôt de déchets solides, notamment les plastiques, arrive en tête. Mbacké Seck souligne l’inefficacité des lois existantes : «Beaucoup de déchets plastiques sur nos plages, malgré les deux lois que nous avons eues pour interdire l’utilisation et la vente du plastique au Sénégal. D’autres comportements, comme la promenade d’animaux sur la plage, pourtant interdite, contribuent également à la dégradation.»
Ces pratiques ont des conséquences graves sur l’écosystème. «Nous avons deux types de pollution au niveau de nos plages : une pollution anthropique, qui vient de l’homme, mais aussi une pollution naturelle, qui nous vient des algues qui polluent nos plages et consomment l’oxygène. Cette consommation d’oxygène nuit à la faune marine, particulièrement dans ces zones de frayères et nurseries essentielles à la reproduction des poissons», explique le défenseur de la baie de Hann de Dakar.
A l’en croire, la solution réside dans un effort collectif et une prise de conscience accrue. Les services municipaux, la mairie et surtout les femmes et les jeunes de la communauté de la Somone se sont unis pour promouvoir les bonnes pratiques. Selon le maire de la commune de Somone, «cela inclut la gestion appropriée des déchets, en particulier le rejet du plastique hors des plages, et la surveillance rigoureuse de la lagune et du quai de pêche pour les maintenir exempts de toute pollution».
Mbacké Seck insiste sur l’importance de l’éducation. Il précise qu’il faudrait que dans nos esprits, l’éducation environnementale soit une réalité au niveau de nos écoles et de nos maisons. «L’objectif est de s’assurer que les plages restent des atouts et non des fardeaux, comme c’est le cas pour certaines zones de Dakar où les Jeux Olympiques de la Jeunesse sont délocalisés sur la Petite-Côte tellement les eaux pour la baignade sont dégradées», note-t-il.
Ainsi, la Somone se positionne comme un modèle à suivre, prouvant qu’une action concertée de la communauté, des autorités locales et des citoyens est essentielle pour protéger le patrimoine littoral sénégalais.
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