L’Académie mondiale pour l’avancement des sciences dans les pays en développement (Twas), qui est un organisme de l’Unesco dédié au monde scientifique du Sud, et qui rassemble plus de 1300 académiciens issus d’une centaine de pays choisis uniquement pour leurs compétences, leur contribution à l’avancement des sciences dans tous les pans du monde du développement, a clôturé à la Somone, un séminaire pour le renforcement des compétences Twas 2024.

Cette rencontre, qui rassemblé 64 jeunes chercheurs africains bénéficiaires de la toute première combinaison de deux programmes de subventions de la Twas à savoir : le programme Research Grants Twas, soutenu par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et le programme Seed Grant for New African Principal Investigators (Sg-Napi), soutenu par le Ministère fédéral allemand de l’Education et de la recherche (Bmbf). Ces chercheurs ont pu partager leurs expériences et essayer de bâtir un réseau de relation entre eux  en fonction des disciplines des secteurs dans lesquels ils travaillent.

Dr Moctar Touré, membre de la Twas depuis 1985 et  actuellement président de l’Académie nationale des sciences du Séné­gal (Anss), a précisé que l’Aca­démie mondiale pour l’avancement des sciences dans les pays en développement appuie des jeunes scientifiques ou des scientifiques qui sont en début de carrière. Elle ambitionne d’apporter des soutiens multiples dans le travail que ces jeunes scientifiques font, appui matériel, financier et institutionnel.

D’ailleurs, le Pr Balla Diop Ngom du Département de physique de la Faculté des sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui fait partie des bénéficiaires de ce programme, a magnifié la tenue de cette rencontre dont l’objectif est d’essayer de développer des compétences pour des gens qui ont bénéficié des financements de recherche dans divers projets venant directement du Twas. «Ces capacités que nous cherchons à développer ici tourneraient autour de comment écrire un projet de recherche ? Et à la suite de ça, comment générer des collaborations à travers le monde ? Et aussi comment d’une manière globale, aller vers les défis que l’Afrique rencontre actuellement pour développer des technologies et essayer d’apporter des solutions ?», a souligné Pr Ngom.

Ayant bénéficié de deux types de financement de ce programme, il a pu avoir «avec le programme de recherche individuel Grant, un peu d’équipement de recherche dans notre laboratoire. A la suite de ça, j’ai bénéficié d’un financement qu’on appelle research collaboration qui nous permet de pouvoir collaborer avec un autre scientifique de l’Afrique. Un projet que j’ai monté avec une collègue qui est au Ghana et qui nous a permis aussi d’avoir d’autres équipements de recherche dans notre laboratoire», s’est réjoui Pr Balla Diop Ngom.

Toutefois, il a indiqué que ce n’était pas facile car il fallait développer un projet commun qui leur permette à tous les deux de pouvoir faire face à un défi. «Le défi principal que nous avons attaqué sur ce projet c’était de regarder comment développer une technologie verte pour pouvoir produire des batteries et des super-condensateurs à partir de la biomasse. Elle avait en charge la partie théorique et moi j’avais en charge la partie pratique. La plus-value principale pour nos pays, c’est que nous essayons de développer une technologie qui est adaptée à nos pays parce que l’Afrique de manière générale à une économie qui est basée sur l’agriculture et le projet était fondé sur l’utilisation des résidus agricoles afin de pouvoir produire des matériaux avancés et à partir de ces matériaux, nous développons ces dispositifs de stockage d’énergie», a déclaré Pr Ngom.

Ces chercheurs comptent développer une technologie qui va permettre d’avoir accès à l’énergie pour les populations qui sont dans le monde rural. Mais également se projette aussi sur le futur de l’Afrique. «Nous allons vers un futur proche pour l’utilisation de la voiture électrique avec tous les téléphones, les batteries et tout ça. Il est important aujourd’hui que nous ayons une technologie qui permette de pouvoir développer des batteries et des super condensateurs à moindre coût, accessibles, mais qui respectent l’environnement».

Avec ces programmes, la recherche en Afrique  peut espérer des lendemains meilleurs, mais avant d’y arriver, il faudra résoudre l’accès au financement. «Heureuse­ment que le Twas est là. Dans nos pays en voie de développement, il y a d’autres priorités que la recherche. Elle est tellement chère et  cela demande pas mal de moyens techniques, financiers, mais aussi des capacités humaines. Ce qui fait que nos gouvernants sont plus orientés à résoudre d’autres problèmes que d’essayer de développer de nouvelles technologies, ce qui fait la rareté du financement pour pouvoir développer des projets», a souligné Pr Balla Diop Ngom.

Dr Moctar Touré a précisé que l’état de la recherche au Sénégal est bon si on le prend dans le contexte de la sous-région ou le continent. «Je pense que dans le système de recherche, la communauté scientifique sénégalaise se place bien. Toutefois, il a besoin d’un soutien plus consistant, beaucoup plus large et ça dans tous les secteurs. Il y a un début de prise de conscience au niveau du continent, mais surtout au niveau du pays, de l’importance de la science pour accompagner et encadrer le développement, sans savoir, sans une maîtrise du savoir et du savoir-faire, on ne peut que naviguer dans le flou. Tous les pays du monde qui se sont développés et qui sont en tête ont investi massivement dans la maîtrise de la science», a-t-il rappelé.

Selon lui, certains pays occidentaux, mais aussi les nouveaux qui sont arrivés à un stade très avancé comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui suivent derrière, ont développé des capacités de recherche qui n’ont rien à envier aux pays les plus avancés. «Je pense qu’il y a une prise de conscience basée sur des faits que sans la science, on ne peut pas avancer aussi efficacement qu’on le souhaiterait. Il y a une prise de conscience au niveau du Sénégal. Maintenant, il faut un peu plus de soutien. Le problème c’est de pouvoir, dans la multitude des problèmes quotidiens auxquels on est confronté, voir les problèmes qui peuvent régler les contraintes d’aujourd’hui et de demain par rapport au choix qui ne règle que des problèmes d’aujourd’hui ou des problèmes d’hier».

Donc, la science peut réellement aider à comprendre, à maîtriser et à régler beaucoup de problèmes de fond tels que la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire, la santé et l’éducation, entre autres.
Par Alioune Badara CISS – correspondant – abciss@lequotidien.sn