Innovation – Prise en charge des personnes handicapées : «Voix des Femmes» pour l’inclusion

Le projet «Voix des femmes» est une initiative importante pour promouvoir les droits et l’inclusion des femmes et filles handicapées en Afrique subsaharienne francophone. Ce projet a été lancé mercredi, lors d’une rencontre organisée par la fédération Handicap international Sénégal, connue aussi sous le nom Humanité et inclusion. Par Amadou MBODJI –
Le projet «Voix des femmes» vise à améliorer l’accès des femmes et des filles handicapées francophones à leurs droits fondamentaux et à promouvoir l’égalité des genres en Afrique subsaharienne francophone. Le projet sera mis en œuvre dans trois pays : le Sénégal, le Bénin et le Togo. C’est un projet de 12 mois lancé par Handicap International (Humanité et inclusion) en partenariat avec Wildaf et l’association Comité des femmes de l’Afesaf. L’objectif principal est de faire entendre la voix des femmes handicapées au Sénégal et de promouvoir leurs droits. «Le projet est nécessaire et important pour faire entendre leurs voix, et le titre même du projet, c’est la Voix des femmes. C’est d’abord entendre la voix des femmes handicapées au Sénégal. Le constat, je crois que mes collègues l’ont déjà dit, mais sachez que dans le monde, il est estimé que 16% de la population mondiale sont en situation de handicap. Plus de la moitié de ces personnes-là sont des femmes», souligne Clément Philippe, directeur pays Humanité et inclusion, ex-Handicap international Sénégal.
Mme Dieynaba Diallo, vice-présidente de Wildaf Sénégal (Femmes, droit, développement en Afrique) dont la structure est partenaire du projet, liste les difficultés auxquelles les femmes en situation de handicap font face, et que ce projet pourrait aider à surmonter : «Les difficultés des femmes handicapées sont majeures et nombreuses. Qui dit femmes, dit maternité. Et les structures sanitaires et le plateau technique ne sont pas adaptés pour accueillir ces femmes handicapées. Il faut aussi prendre la diversité et la typologie des types de handicap qui sont parmi nous. Parce que si vous parlez des sourds-muets, ils sont doublement vulnérables par rapport à la communication. Et on ne peut pas parler de santé, on ne peut pas parler d’éducation sans parler de communication.» Elle ajoute : «La prévention est importante au niveau de la santé. Ce sont des difficultés qu’il faudra prendre en compte, et au niveau le plus haut. C’est le moment maintenant. Ce projet va nous accompagner pour que ces préoccupations puissent être prises en compte, mais pas seulement dans les slogans ou bien dans les messages, mais que ça soit réel. Il faut que l’inclusion soit une réalité. Ce n’est plus une option, c’est une nécessité.»
Mme Khady Bâ Guèye, présidente du Comité des femmes de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées dont la structure est l’autre partenaire du projet, revient sur les grandes lignes de la mise en place de «Voix des femmes» pour arriver à faire bouger les choses en faveur des femmes en situation de handicap. «Au niveau du Comité des femmes, ce sera un renforcement des capacités des jeunes filles, parce que nous avons un comité des jeunes pour assurer la relève générationnelle. Le travail, c’est de faire en sorte que l’inclusion des femmes soit une réalité dans les programmes de développement et dans les politiques publiques. Parce qu’il y a beaucoup de femmes handicapées qui parlent, mais qui ne se font pas entendre. L’occasion nous est donnée, dans le cadre de ce projet, de nous faire entendre au niveau national, au niveau régional et même au niveau international», avance-t-elle.
Près de 80% des personnes handicapées résident dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, où les systèmes de protection sociale, de santé et d’inclusion sont souvent limités, selon une note d’information reçue des organisateurs de la rencontre. Selon toujours le document, les femmes handicapées subissent une double discrimination en Afrique de l’Ouest : en tant que femmes et en tant que personnes handicapées. Bien qu’elles représentent jusqu’à 75% des personnes handicapées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les femmes handicapées restent largement sous-représentées dans les politiques publiques.
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