Inondations au Sénégal, bis repetita…

Cette année encore, nous assistons à une vague d’inondations qui touche une bonne partie du territoire national, notamment les zones de Keur Massar, Diamaguène, Tivaouane, Touba… Et ce, malgré les milliards qui seraient mobilisés pour lutter contre ce phénomène.
Dans ma contribution publiée dans le journal Le Quotidien, il y a près d’un an, jour pour jour, eu égard à l’inertie du président de la République et de son gouvernement, nous dénoncions le manque d’empathie des pouvoirs publics face au désarroi de nos concitoyens. Cette année encore, la même situation se répète. Les populations sont dans les ténèbres des eaux profondes.
D’autre part, nous avons comme le sentiment d’avoir affaire à un pouvoir public qui fait preuve d’incompétence notoire et, par orgueil déplacé, refuse de regarder les faits. Sinon, comment comprendre qu’après un investissement de plusieurs milliards sur la lutte contre les inondations l’on se retrouve un an après dans une situation similaire ? Comme si ces milliards étaient des échos virtuels.
En réalité, nos autorités ne saisissent pas les vrais enjeux de la lutte contre les inondations. Elles se font simplement grands spécialistes du rafistolage et du pilotage à vue. Elles n’ont pas compris ou, par mépris, refusent de comprendre que pour apporter une solution pérenne aux inondations, il faut nécessairement un programme bâti sur des éléments factuels. Et cela requiert du temps et une mise en place méthodique.
A défaut de compétence, ayez le courage de dire aux populations que les solutions ne seront pas immédiates !
L’Etat ne peut et ne doit pas faire l’économie d’un diagnostic préalable à toutes politiques publiques sérieuses.
Dans la conduite des politiques publiques, il existe une voie indispensable pour traiter un problème de manière efficace. C’est le diagnostic. C’est cette étape qui permet de cerner les problèmes dans toutes leurs dimensions et, par voie de conséquence, d’y apporter les solutions idoines.
L’autre étape consiste à évaluer l’action publique. Elle permet de corriger, de réorienter et de juger de la pertinence et de l’efficacité de son action.
Et comme nous sommes gouvernés par des gloutons à milliards, ils ont peur d’évaluer sérieusement leurs actions. Ils ont peur de rendre compte de l’action publique.
C’est ce qui nous conduit à des situations où on remet en cause l’action publique. C’est cela qui alimente la colère saine et légitime des populations.
Si nous étions dans système politique où la bonne gouvernance était la règle, les organes de contrôle de l’Etat se seraient saisis de cette affaire pour faire la lumière sur toutes ces sommes qui auraient été dégagées et dédiées à lutte contre les inondations.
Je peux encore rêver !
Par ailleurs, monsieur le président de la République, je réitère les propos suivants contenus dans ma précédente contribution portant sur les inondations et la souffrance de notre peuple. La situation reste plus que jamais d’actualité parce que vous semblez sourd et impuissant.
«Quand on ne peut pas atteindre la perfection, il faut au moins atténuer le mal.» Le mal dont souffre notre peuple est très profond. Et fuir ses complaintes et son regard face à ce mal, c’est faire preuve de manque d’audace et de courage.
Monsieur le président de la République, votre courage ne peut se limiter à faire des combinaisons «mbourou ak soow», renforcées par du gloria, pour raviver notre appétit. Ce courage doit avoir un impact positif sur le quotidien de nos compatriotes.
Pape Bocar DIALLO
Diplômé en Droit et
Science Politique
Spécialisé en Conduite et Évaluation des Politiques Publiques
Université Paris XIII