Les chiffres sont alarmants. Environ 2 milliards de personnes sont dans une situation d’insécurité alimentaire, selon le rapport 2019 de la Fao. L’Afrique supporte le plus lourd fardeau avec 91 millions de malades et 1/3 de la mortalité mondiale.

Le recul de la faim dont le monde a bénéficié pendant plus de dix ans n’est plus d’actualité. Selon le rapport 2019 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) sur la sécurité alimentaire dans le monde, la tendance de la faim dans le monde, mesurée par la prévalence de la sous-alimentation, a repris en 2015 et est restée pratiquement inchangée ces trois dernières années à un niveau légèrement inférieur à 11%.
Environ 2 milliards de personnes sont dans une situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave à travers le monde. «En premier lieu, ces populations sont concentrées dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Quel que soit le continent, la prévalence de l’insécurité alimentaire est légèrement plus élevée chez les femmes que chez les hommes», a informé Gouanteu Robert Guei. Le coordonnateur du bureau sous régional de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest et représentant de la Fao au Sénégal s’exprimait jeudi à la cérémonie de la Journée mondiale de l’alimentation (Jma), consacrant le 74e anniversaire de la Fao.
M. Guei de renseigner que le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 33,2 millions à 51,6 millions en l’Afrique de l’Ouest, sur la période 2006-2018. Sur ce même intervalle, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère est passé de 51,6 millions à 64,3 millions, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave de 160,2 millions à 177,2 millions, celui d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’un retard de croissance de 17,7 millions à 18,5 millions. De plus, à cause des maladies d’origine alimentaire, une personne sur dix tombe annuellement malade, alors que près de 420 mille personnes, dont 1/3 d’enfants de moins de 5 ans, perdent la vie en consommant des aliments insalubres.
L’Afrique supporte aussi le plus lourd fardeau avec 91 millions de malades et 1/3 de la mortalité mondiale. Actuelle­ment, l’obésité et les autres formes de malnutrition touchent près d’une personne sur trois, et en 2025, une personne sur deux, selon les projections.
Les pays d’Afrique subsaharienne classés comme étant sensibles à la sécheresse ont vu leur taux de prévalence de la sous-alimentation augmenter, passant de 17,4% à 21,8% au cours des six dernières années, alors que sur la même période, la sous-alimentation a baissé de 24,6% à 23,8% en moyenne dans les autres pays de la région.
«Au vu de ces tendances et en rapport avec les Odd, le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre la majorité des objectifs des Odd liés à l’agriculture durable, à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Quatre ans après le début de l’Agenda 2030, la régression est la norme pour presque tous les indicateurs connexes», regrette Gouanteu Rober Guei.
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