Finie la hantise de la tuerie de Bofa-Bayotte avec ses 14 morts, finie la vie d’errance du Peuple Bayotte, contraint au plus fort de la crise, de quitter les villages du fait de l’insécurité. Finie aussi la psychose née de la pandémie qui avait, l’année dernière, obligé les Bayottes à différer d’un an l’organisation de leur cérémonie d’initiation. La communauté bayotte, dont la zone traditionnelle se situe dans la commune de Nyassia, département de Ziguinchor revit. Une renaissance, un nouvel essor, matérialisé par le démarrage le 16 août dernier de la cérémonie d’initiation communément appelée bukut (cambathiou, en Bayotte) et dont la dernière édition remonte à 1976. Une particularité voire une situation liée au conflit armé et qui s’explique en outre par les nombreux soubresauts dans la zone de Nyassia au plus fort de la crise casamançaise. «Le Peuple bayotte a été secoué par la crise casamançaise. Hormis Nyassia et Etomé, tous les autres villages de la communauté tels Kazoulou, Kadiéné, Baséré, engagés pour le présent bukut, avaient été déguerpis du fait de l’insécurité», justifie Hubert Sagna, habitant de Kazoulou. Même son de cloche chez le chef de village d’Etomé, Lucien Sagna, qui explique cette longue période d’inactivité initiatique et de non-organisation de leur bukut par le fait que le village de Baséré, qui abrite le plus grand rituel du Peuple bayotte, était déserté. «Il a fallu que les populations de ce village reviennent pour que le Peuple bayotte organise son bukut», dit-il. C’est dire que les déplacements des populations du fait de la crise ont longtemps stoppé, dans la commune de Nyassia, la dynamique associative et communautaire. Ainsi, c’est seulement à la faveur des nombreuses opérations de sécurisation menées par les forces de défense et de sécurité dans la zone que des villages libérés, à l’instar de Badem, Bagam sont heureux de célébrer leur bukut. Et ce, dans l’espoir, entre autres, de retrouver une paix définitive sous-tendue, de l’avis de Hubert Sagna, par une relance des activités économiques pour ces contrées aux potentialités agricoles, arboricoles énormes.
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