Instabilité institutionnelle sur fond de menace terroriste : L’Afrique de l’Ouest en zone de turbulences

Hier, les militaires se sont emparés du pouvoir en Guinée en évinçant le Président Alpha Condé. Chez l’autre voisin le Mali, le pays a connu deux coups d’Etat durant l’année 2020 alors que la Côte d’Ivoire reste dans un calme précaire. Cette instabilité institutionnelle en ce temps de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest est une menace sécuritaire.Par Mamadou SAKINE
– Le Président Alpha Condé est tombé. C’est l’histoire qui bégaie en Guinée, qui n’a jamais été une démocratie électorale avec une succession de dictature et de régimes militaires. En 2009, quelques heures après le décès le 22 décembre du Président Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara s’empara du pouvoir.
Cette parenthèse Daddis, un Président bouffon, sera conjuguée au passé avec l’élection quelques mois plus tard de Alpha Condé. Opposant historique, universitaire, il est considéré comme un espoir par tout un Peuple. A l’épreuve du pouvoir, il se révéla être un «piètre» dirigeant, grisé par le pouvoir et le culte de la personnalité puis procéda à une révision constitutionnelle qui lui a ouvert la voie à un troisième mandat.
Ce putsch populaire a les mêmes caractéristiques que le dernier coup de force au Mali. Dans une situation où le pays fait face au terrorisme, à l’extrémisme violent, aux trafics en tous genres, le Mali a connu deux coups d’Etat en une année. D’abord, le 18 août 2020, le Président Ibrahim Boubacar Keïta, a été amené contre son gré par des mutins dirigés par le Colonel Assimi Goïta, au camp de Kati, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Bamako. Le même lieu où, huit ans plus tôt, avait démarré une autre mutinerie qui avait fait chuter le Président de l’époque, son prédécesseur, Amadou Toumani Touré. «ATT» fuit son palais de Koulouba pour venir se réfugier au Sénégal. Elu en 2013, quelques mois après le coup d’Etat, et réélu en 2018, Ibrahim Boubacar Keïta, dit «IBK», a été arrêté, à son domicile à Sébénikoro, tout comme son Premier ministre, Boubou Cissé.
Pendant ce temps, la situation au Nord Mali, en proie à une guerre avec des indépendantistes et des groupes armés, devenait de plus en plus compliquée avec de nombreuses victimes du côté des soldats. Alors sur proposition du nouvel homme fort du Mali, Assimi Goïta et de ses hommes, l’ex-ministre de la Défense et des anciens combattants, l’ancien militaire Bah N’Daw a été nommé Président de transition du Mali le lundi 21 septembre 2020. Ce changement d’homme à la tête du pays ne serait que de courte durée. Car quelques mois seulement, survint le second coup d’Etat en moins d’une année. Le 24 mai 2020, le Président de la transition et son Premier ministre, Bah Ndaw et Moctar Ouane, sont évincés par les militaires. Vice-président, Assimi Goïta devient le chef de l’Etat.
Ces prises de pouvoir par les militaires dans un contexte d’insécurité en Afrique de l’Ouest risquent d’être favorables aux bandits armés qui ne cherchent que ces occasions pour agrandir leurs tentacules. Car, ces instabilités institutionnelles peuvent créer des failles profitables aux terroristes, qui ont le temps comme principal allié comme le montre le retour au pouvoir des talibans à Kaboul après le départ des Américains.
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