Depuis 1978, date de l’érection de Médina Gounass en chef-lieu de communauté rurale, la ville du Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ vit, de temps à autre, des moments de tension plus ou moins vifs, parfois sanglants, meurtriers même. Du Président Senghor, au Président Macky Sall en passant par les présidents Diouf et Wade, aucune panacée n’a pu opérer dans le sens de réconcilier les deux communautés religieuses dirigées aujourd’hui par Thierno Mounirou Baldé et Thierno Amadou Tidiane Bâ. Aussi Médina Gounass, créée en 1936 par Thierno Mouhamadou Saïdou Bâ, a connu des batailles rangées, meurtrières souvent, au début des années 80, au début des années 90, en 2007, en 2021 puis celle de la fête de la Tabaski de 2024.

Chérif Sabaly, président du Conseil d’administration de la Sodagri, considère que c’est l’Etat du Sénégal qui est responsable du maintien de cette situation d’insécurité permanente dans cette localité. Il détaille : «L’Etat sait que Médina Gounass est une poudrière qui peut exploser à tout moment. Il aurait fallu y installer un camp militaire. L’importance de sa population et sa situation géographique plaident pour cela.» Il poursuit sa plaidoirie : «Gounass jouxte le Parc national du Niokolo Koba et se trouve frontalière à la Gambie, à la Guinée-Bissau et à la Guinée Conakry, en plus de la situation de tension sociale qui y règne, sont des arguments qui pouvaient inviter les autorités à y installer un camp militaire. Les militaires allaient dissuader et étouffer toutes les tensions latentes ou alors intervenir à temps opportun.»

Autre solution proposée par cet ancien professeur de sciences physiques : «C’est l’implantation de l’école française.» «Les jeunes de Gounass ont toujours vécu en s’excluant sur le plan mental et sur le plan des espaces publics. Chacun recevant des enseignements «exclusionnistes» de ses parents.» Et puis, poursuit M. Sabaly : «A l’école, les jeunes membres des 2 communautés allaient être ensemble, s’apprécier, lier des amitiés, tisser des relations fraternelles. A long terme, cela pourrait apporter la paix. Par la construction dans les esprits des valeurs de la Nation, de citoyenneté et de volonté de vivre ensemble dans la paix.» La ville de Médina Gounass, grosse de près de 100 mille âmes, n’a pas d’école française. Pour la sécurité des habitants, il y a une brigade de gendarmerie, qui a permis de circonscrire les affrontements rapidement ce lundi.