Une usine de raffinage de sel d’une capacité de 150 mille tonnes/an vient d’être installée dans la région de Fatick par des industriels sénégalais ayant noué un partenariat avec des Chinois. Ce qui, sans doute, après l’intervention de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide pour les femmes et les jeunes (Der/fj) qui a financé les producteurs de la région à hauteur de plus de 200 millions de francs, va davantage relancer ce sous-secteur qui connaît de réelles difficultés liées essentiellement à la mévente de la production.Par Dioumacor NDONG (Correspondant) –
Confrontés à des problèmes de débouchés, bon nombre de saliculteurs de la région de Fatick ont fini par abandonner cette activité. Mais aujourd’hui, c’est un jour nouveau qui se lève pour eux avec l’installation de Sel d’Afrique (Seldaf), une unité industrielle de raffinage de sel, implantée à 10 km au sud de la commune de Fatick, sur la route de Foundiougne. Avec sa capacité annuelle de production de 150 mille tonnes, cette industrie salinière pourra ainsi absorber toute la production salicole de la région estimée à quelque 100 mille tonnes par an. Ce qui permettra aux promoteurs de cette usine dont la mise en place a démarré en septembre 2020, en partenariat avec le groupe chinois Cngs à travers sa filiale Eti, d’atteindre un de leurs principaux objectifs à savoir contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations locales en achetant le sel brut auprès des producteurs à 10 mille francs la tonne qui était bradée à 5 voire 6 mille francs. Il s’agira également, selon le Président directeur général (Pdg) de Seldaf, Abou Emile Diouf, de donner de la plus-value à cette «filière» et de cette façon, participer à l’effort national de positiver la balance des paiements. L’autre objectif majeur de cette unité qui à terme va créer 200 emplois directs et 14 mille emplois indirects est, à en croire toujours M. Diouf, de mettre fin à la situation paradoxale que connaît le Sénégal, premier producteur de sel en Afrique de l’Ouest avec environ 500 mille tonnes/an et qui continue d’importer du sel raffiné. Parallèlement à l’installation de cette industrie, sans doute la première de la région, des marais salants sont aménagés juste en face, pour pouvoir assurer une bonne partie des besoins en matière première. Dans ce sillage, il est prévu, selon Abou Emile Diouf, d’accompagner les saliculteurs à travers des formations, des équipements, entre autres, en vue de renforcer leurs capacités de plus et mieux produire de la matière première.
Seulement pour que Seldaf puisse prendre son envol, ses promoteurs vont devoir surmonter un certain nombre d’obstacles à savoir la disponibilité de l’électricité et de l’eau en quantité et en qualité mais aussi la viabilisation de la voirie pour faciliter l’accès du site. Des doléances qu’ils ont portées à la connaissance du ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal émergent (Pse) venu visiter cette infrastructure, ce 22 septembre 2021. De l’autorité, il est attendu qu’elle puisse aider à trouver des solutions structurelles à ces problèmes soulevés à travers notamment un fort plaidoyer auprès du chef de l’Etat Macky Sall. Ainsi, après avoir écouté attentivement les uns et les autres, Abdou Karim Fofana a promis de tout mettre en œuvre pour que le Sénégal, par le truchement de cette unité industrielle en particulier, puisse tirer davantage de valeurs ajoutées économiques et sociales de la «filière» salicole qui, selon lui, peut contribuer à transformer structurellement l’économie de notre pays. «Nous avons notre carte à jouer par rapport au marché qui existe notamment dans la sous-région et pour cela, il faut que l’Etat apporte tout ce soutien qui permettra au Sénégal d’avoir des avantages comparatifs et à la région de Fatick de pouvoir compter sur la carte mondiale du sel», a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le président de la Coopérative des acteurs du sel de la région de Fatick a déclaré avoir accueilli avec une très grande satisfaction l’implantation de Seldaf dans la région. «Nous considérons même l’installation de cette usine comme une providence divine. D’abord parce que c’est l’œuvre d’un fils du terroir. Ensuite, parce que cette unité est installée au cœur du Sine qui a la plus grande surface d’exploitation de sel de la région», a soutenu Jean Marie Kène Ndiaye. Qui, cependant, dit nourrir une crainte par rapport à la survie de la saliculture artisanale. Par ailleurs, M. Ndiaye qui est à la tête de cette coopérative régionale forte aujourd’hui de plus de 30 Groupements d’intérêt économique (Gie) et de producteurs individuels, souhaiterait que Seldaf puisse revoir à la hausse le prix au producteur pour atténuer les charges liées au transport de la matière première jusqu’à l’usine.
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