On croyait la polémique éteinte, mais il y a toujours de l’orage dans l’air qui fait arracher des feuilles à l’Histoire générale du Sénégal. Cette sortie du Groupement central des Layènes (Gcl), sous la tutelle du khalife général de ladite communauté, vient d’en rajouter une couche en contestant certains passagers de ce tome. Il demande, «conformément à la lettre adressée au président de la République, le retrait immédiat de la vente des cinq pages consacrées à Seydina Limamoulahi. Deuxièmement, la reprise de la rédaction de la partie consacrée à Seydina Limamoulahi de façon exhaustive, en intégrant sa doctrine, ses enseignements révolutionnaires, ses origines, sa famille en parfaite collaboration avec le comité ad hoc mis en place pour l’occasion par le groupement central». Ce qui est en cause, selon Daouda Mbaye, vice-président du Gcl et Cie qui étaient en conférence de presse hier au domicile du khalife, «les insuffisances de la partie infime consacrée au traitement de l’histoire de Seydina Limamoulahi en se focalisant sur une partie des persécutions et laissant en rade des éléments fondamentaux comme sa doctrine prophétique (car il s’est déclaré être Mohamed (Psl) revenu en une seconde mission) et des éléments importants sur sa biographie, sa naissance, ses origines, son illettrisme etc.». D’après le collectif, ces insuffisances concernent cinq pages que le livre a consacrées à Seydina Limamoulahi. «D’abord à la page 270, dans la partie réservée à Seydina Limamaoulahi, l’auteur affirme que le saint maître est de sept ou cinq années plus jeune que Ahmadou Bamba. Ce qui est inexact, car il est de notoriété publique que Seydina Limamoulahi est né en 1843, comme il le dit lui-même en note de bas de page, et que l’illustre Cheikh Ahmadou Bamba serait né vers 1853», a précisé le Gcl. Iba Der Thiam avait admis cet impair lors de sa sortie sur Iradio.
La page 272 fait l’objet de controverse, surtout là où l’auteur «enchaîne par une troupe de dix spahis armés se rendit à Yoff le même jour et aurait certainement mis aux fers le paisible marabout, n’eût été la résistance collective que le village tout entier opposa à l’exécution de la mesure inique que les autorités venaient de décréter». Là aussi, les rectificatifs ne se sont pas fait attendre. «Cette vision est en contradiction totale avec la réalité émanant des écrits de la communauté, notamment ceux de l’éminent Professeur Assane Sylla et relatée si brillamment par le khalife de Seydina Baye Abdallah durant des années dans les cérémonies religieuses. En effet, lorsqu’Allah, l’Omniscient, l’eut informé du projet, Seydina Limamoulahi a averti ses compagnons en leur demandant de ne pas lever le petit doigt pour le défendre, car il s’en remettait exclusivement au Tout-puissant. Les miracles qu’il a réalisés par la permission de Dieu finirent de mettre en déroute la colonne des spahis et leur chef.»