Le Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) exhorte les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à poursuivre leurs efforts pour le respect des critères de convergence macroéconomique, afin de créer les conditions propices au lancement de l’Eco, la monnaie régionale. D’après Jean-Claude Kassi Brou, le respect des critères de convergence macroéconomique demeure un défi majeur.Par Dialigué FAYE –

La 64ème session ordinaire du Comité des gouverneurs des banques centrales de la Com­munauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est tenue hier dans les locaux du siège de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). A cette occasion, le Gouverneur de l’institut d’émission des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est largement revenu sur le contexte difficile au plan régional. Jean-Claude Kassi Brou a évoqué, entre autres, les défis sécuritaires et les effets du changement climatique affectant la stabilité macroéconomique de la région et fragilisant les perspectives économiques. Ainsi, souligne le Gouverneur, «la croissance du Pib réel de la Cedeao a ralenti en 2023. Ce ralentissement de l’activité économique s’est accompagné d’une hausse de l’inflation qui a atteint un niveau au-dessus de l’objectif des banques centrales».

Dans ces conditions, «le respect des critères de convergence macroéconomique de­meure un défi majeur.

Les Etats membres de la Communauté devraient donc poursuivre leurs efforts déjà largement entamés pour le respect des critères, afin de créer les conditions propices au lancement de l’Eco, la monnaie régionale», a plaidé le Gouverneur.
Dans l’espace Uemoa, le Gouverneur Brou a rappelé que «les économies ont fait preuve de résilience, en dépit de la persistance des chocs exogènes mentionnés plus haut. En effet, l’activité économique est demeurée dynamique en 2023, avec une croissance de plus de 5%. L’inflation s’est repliée à 3, 7% en 2023, après 7, 4% un an auparavant. En outre, le processus de consolidation budgétaire a été engagé. Dans ce cadre, le déficit budgétaire s’est réduit, passant de 6, 9% en 2022 à 5, 2% en 2023».

Pour l’année 2024, prédit-il, «les perspectives sont meilleures. La croissance économique de l’Uemoa est projetée à 7%, sous l’impulsion notamment des exportations de pétrole et de gaz. L’inflation devrait revenir dans la cible de la Banque centrale fixée à 3%».

Pour sa part, la Bceao promet de continuer «de soutenir les initiatives visant à accélérer la croissance et la stabilité macroéconomique, ainsi que le processus d’intégration monétaire au sein de la Cedeao. Il s’agit d’assurer les conditions qui préservent la viabilité de la future Union monétaire».

Cette réunion ordinaire du Comité des gouverneurs des banques centrales des Etats membres de la Cedeao se tient à la suite de la 65ᵉ session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, a rappelé Mme Massandjé Touré, commissaire chargée des affaires économiques et à l’agriculture de la Commission de la Cedeao. A cette occasion, renseigne Mme Massandjé Touré, «les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de maintenir le Pacte de stabilité, de convergence macroéconomique entre les Etats membres de la Cedeao en l’état. Ils ont invité la Com­mission de la Cedeao à leur soumettre, lors de la prochaine session ordinaire en 2025, un projet d’acte additionnel définissant les modalités de participation des Etats membres à notre Union monétaire…».

Toutefois, souligne-t-elle, «le projet de convergence des indicateurs macroéconomiques des Etats membres demeure encore loin de ceux prescrits par le Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique, dû aux difficultés qui ont été énoncées par mes prédécesseurs au titre de la mise en œuvre de la feuille de route pour le lancement de l’Eco. Des progrès importants ont été enregistrés malgré certains retards et nous pensons que des mesures pour accélérer la mise en œuvre de la feuille de route seraient notamment le renforcement de la coopération et la collaboration interinstitutionnelle en mutualisant les ressources humaines et financières, ainsi que les expertises des institutions régionales…».
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