L’Europe et l’Afrique ont accusé beaucoup de retard sur l’Intelligence artificielle et la digitalisation par rapport à l’Amérique du Nord et la Chine.  Pour éviter de se retrouver dans le cadre d’un néocolonialisme numérique, ces deux continents ont lancé, mer­credi, les Journées euro-africaines de droit économique 2024. Cette rencontre de trois jours, organisée conjointement par l’Institut euro-africain de droit économique (Ineadec), l’Université catholique de Louvain (UcLouvain) et l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (Un-CHK), sous le thème : «Droit économique, Intelligence artificielle et digitalisation dans un contexte euro-africain», va servir de cadre d’échanges entre des juristes praticiens, des universitaires, des experts en technologie,  des décideurs publics et des représentants du secteur privé, sur l’Intelligence artificielle et la digitalisation qui ont fini de redéfinir l’environnement économique, social et culturel du monde.

D’après Dr Bakhoum, président du comité d’organisation, «ces journées représentent une occasion unique d’explorer  les répercussions de ces évolutions sur le droit économique dans les contextes africain et européen  francophones». Cette démarche, poursuit-il, «symbolise notre engagement commun envers l’excellence académique et la collaboration transcontinentale dans la recherche».

Pour Edouardo Traversa, professeur de Droit fiscal à l’université de Louvain, par ailleurs Doyen de la Faculté de Droit et président du Conseil scientifique de l’Institut euro-africain de droit économique, «c’est un évènement très important pour créer des liens, renforcer les liens entre les pays africains et les pays  européens, en particulier dans l’espace francophone, face à un défi qui est commun : l’Intelligence artificielle, la digitalisation». «Les grandes entreprises  dans ce domaine sont américaines et chinoises. L’Europe et l’Afrique sont entre les deux», relève-t-il. Donc pour lui, «il est essentiel qu’elles puissent collaborer  en ayant des règles communes  pour encadrer ces phénomènes, ces entreprises».

C’est tout le sens de ces journées pour essayer de trouver quelles pourraient être les règles communes entre pays africains et pays européens.

L’objectif, «c’est de plonger au cœur des enjeux de la digitalisation et de l’Intelligence artificielle dans leur interface avec le droit économique avec un ac­cent sur les spécificités de l’Afrique et de l’Europe»,  a fait savoir en outre Dr  Mor Ba­khoum.

De l’avis du Pr Traversa, l’Intelligence artificielle et la digitalisation sont de grandes opportunités, mais qui comportent aussi de grands ris­ques.

Et pour mieux appréhender ces questions en Europe et en Afrique, il faut mettre des garde-fous. Car, ce qui intéresse les organisateurs de ces journées, c’est d’accompagner ce processus par la régulation. «Il faut être prudent, comprendre la technologie et que la régulation ne soit pas à contrecourant de l’impact positif que l’Intelligence artificielle aurait sur nos économies de manière générale», a souligné Dr Bakhoum. Dans le même sillage, Pr Traversa pense que «s’il n’y a pas de règles, c’est l’anarchie. On laisse alors des acteurs économiques d’autres pays prendre l’ensemble des bénéfices économiques de l’activité. C’est fondamental de pouvoir encadrer cette innovation. C’est aussi très important de pouvoir la développer, parce qu’il y a des enjeux très importants en matière de santé, d’éducation».

D’où le besoin d’un engagement collectif en vue d’élaborer des solutions innovantes et pertinentes pour les sociétés de ces deux continents. «Que ces journées soient marquées par des échanges fructueux, des découvertes intellectuelles et des partenariats durables», a exprimé le Recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn