Djibrill Bassolé, ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères, a écrit une lettre à Emmanuel Macron où il lui demande une autorisation pour venir se faire soigner en France.
Dans une lettre datée du 14 juillet -et dont JA s’est procuré copie-, Djibrill Bassolé, ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères, détenu depuis le 29 septembre 2015 à Ouagadougou, demande «en désespoir de cause» au Président Emmanuel Macron «de bien vouloir intercéder auprès du Président Roch Marc Christian Kaboré».
Un départ en France pour raison médicale
Objectif : «Le convaincre qu’il soit mis fin à [sa] détention et [qu’il soit autorisé] à venir [se] faire soigner en France.» L’ancien proche de Blaise Compaoré précise qu’il souffre «de problèmes coronariens qui ne peuvent absolument pas être traités au Burkina Faso». Poursuivi par la justice militaire burkinabè pour «trahison» depuis le putsch manqué de septembre 2015, Bassolé écrit : «Le général Diendéré, instigateur de cette tentative, a déclaré publiquement que je n’avais rien à voir avec elle.»
Habilement, le prisonnier se garde de ranger le Président Kaboré parmi ses ennemis. «C’est uniquement l’acharnement du Premier ministre de transition, le lieutenant-colonel Zida, à m’empêcher de me présenter à l’élection présidentielle de 2015 qui a motivé mon arrestation», écrit-il.
Il est finalement inculpé pour «trahison»
Dans son ordonnance de règlement datée du 24 juillet dernier, le juge d’instruction abandonne la quasi-totalité des charges -attentat à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs, meurtre, coups et blessures volontaires- qui pesaient sur le général Djibrill Bassolé dans le cadre de l’enquête sur le coup d’Etat manqué de septembre 2015. Il n’est désormais accusé «que» de collusion avec des forces étrangères en vue d’attaquer le Burkina Faso. Une décision qui sonne pour l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Comparé et ses conseils comme une «victoire d’étape», en attendant que la chambre de contrôle ne donne son avis sur l’ordonnance du juge, ouvrant ou pas la voix à un éventuel procès qui devrait se tenir avant la fin de cette année.
Contacté par Jeune Afrique, un des avocats de Bassolé, qui a requis l’anonymat, se dit soulagé. «Il est évident que depuis le départ, Bassolé n’avait rien à voir avec le coup de force du régiment de sécurité présidentielle. Quand on regarde le dossier, le seul élément consistant pour l’accusation porte sur les écoutes téléphoniques. Malgré le fait que leur authenticité soit remise en cause et que l’on ne sache pas d’où elles viennent, l’accusation a tenu mordicus à les avoir dans le dossier. Du coup, la seule charge solide sur laquelle l’accusation allait s’appuyer est bel et bien la trahison», déclare l’avocat.