La caisse d’avance est-elle des fonds politiques ? A cette interrogation, aussi bien la défense que les avocats de l’Etat, chacun a sa propre interprétation. Les conseils de Khalifa pensent par l’affirmatif alors que ceux de l’Etat soutiennent le contraire. Voilà le résumé  des débats d’hier au tribunal

«L’existence de fonds politiques n’est pas une invention de la mairie de Dakar.» Cette phrase de Khalifa Sall résume parfaitement les débats à la reprise du procès hier à 15 heures. En effet, la défense a articulé son argumentaire sur le fait que la caisse d’avance est un support permettant de disposer de «fonds politiques». Ce que l’une des parties civiles ne veut pas entendre. A cet effet, les conseils des deux parties ont voulu en savoir davantage sur le rôle qu’auraient joué les deux percepteurs, Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, placés sous contrôle judiciaire et comparaissant libres. Ainsi Me Felix Sow, avocat d’une des parties civiles, a voulu savoir sur quoi s’est basé Mbaye Touré, le Directeur administratif financier (Daf) de la Ville de Dakar, pour «effectuer un paiement sans appliquer les textes qui régissent la caisse d’avance». Pour Mbaye Touré, qui ne «peut parler de paiement parce qu’ayant pas remis les fonds aux bénéficiaires», il ne «peut pas demander de décharges». Car c’est «un mandat que je remettais chaque mois. Je n’ai pas effectué de paiements mais un mandat».
Pour le Daf, c’est le percepteur qui devait opérer un contrôle sur la caisse d’avance. Mais avant la présence  à la barre de  Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, Me Felix Sow, un des avocats de l’Etat, a voulu savoir si Khalifa Sall, avant d’être maire, connaissait l’existence de la caisse d’avance. Ce à quoi le Daf répond par l’affirmative soutenant qu’il a été adjoint à l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop, et que par conséquent il savait que ce dernier disposait des fonds politiques pour régler des problèmes sensibles. Il s’en suivra un long échange entre l’avocat et le prévenu Mbaye Touré sur l’ordonnancement des fonds. Khalifa Sall, comme lors de la déclaration, prendra le soin d’expliquer que la caisse d’avance est un fonds politique.

«Vous n’avez jamais vu une partie civile qui soutient un prévenu»
Le procès a été interrompu par le juge Lamotte qui a trouvé que Me Ousseynou Gaye, avocat de la mairie de Dakar, pose des questions que normalement la défense aurait dû poser. «Vous n’avez jamais vu une partie civile qui soutient un prévenu. Et cela n’aura pas lieu ici. Il y a une vie après ce procès, nous devons être exemplaires. La défense des prévenus est relative aux avocats de la défense», a dit le juge Lamotte. Une remontrance qui n’est pas du goût de Me Ndèye Fatou Touré, qui a soutenu que son confrère a le droit de poser ces questions car il est concerné. Me Ousseynou Gaye de répondre : «Je les (les avocats de l’Etat, l’autre partie civile) dérangerai autant que possible, parce qu’ils n’ont rien à faire ici.»
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