Les flux d’investissement d’origine extérieure dans les hydrocarbures ont permis au Sénégal d’occuper le premier rang dans l’Uemoa pour la destination de choix des investissements directs étrangers, avec plus de 2, 6 milliards de dollars Us -1700 milliards de F Cfa- en 2022 et un léger tassement autour du même montant pour 2023 avec l’annonce de Dp Word sur le port de Ndayanne. Malgré les tensions politiques depuis 2021, nos partenaires continuent leur investissement dans notre pays avec la forte conviction que nos institutions stables et la perspective des hydrocarbures garantiront un retour sur investissement de leurs capitaux au Sénégal.
Dans cette course effrénée pour attirer les Ide, notre pays s’est doté d’un cadre juridique pour le partenariat avec la loi 2021-23 de mars 2021 relative aux contrats Ppp, afin de relancer l’investissement multisectoriel avec le secteur privé national et étranger après le constat d’un endettement lourd contracté pour le financement des projets structurants du Pse. D’ailleurs, le contrat scellé in extremis entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et le groupe saoudien Acwa pour 459 milliards sans aucune diligence juridique, réglementaire et environnementale, de surcroît par un président de la République en fin de mandat, entre dans ce cadre. Malheureusement pour nos partenaires, l’usine de dessalement sur l’Atlantique est si emblématique du forcing suspect et de la forfaiture administrative que même nos ambitions d’attirer les gros investisseurs internationaux ne peuvent le justifier.
Comme pour donner un signal fort aux investisseurs et sans doute pour acter la rupture comme axe du Projet, le Sénégal a décidé de rompre le contrat liant la Sones et le saoudien Acwa Power, malgré les liens historiques entre les deux pays et surtout le soutien financier constant de ce pays via la Bid et le Fonds saoudien de développement. Notre rang comme destination de choix de l’investissement en Afrique de l’Ouest -il est sûr- en sera impacté, cependant le nouveau pouvoir a le courage de respecter les promesses fortes prises devant les électeurs et le Peuple sur une gouvernance à toute épreuve en ce qui concerne nos intérêts économiques et financiers vitaux. Qui ose douter maintenant de cette volonté de renégocier tous les contrats déséquilibrés dans le domaine des hydrocarbures et des infrastructures notamment ?
Les alternances politiques régulières, la position géographique, la stabilité politique et sociale, l’équilibre politico-institutionnel, et de plus en plus les énormes réserves gazières, pourront toujours permettre à notre pays d’attirer les meilleurs investisseurs, surtout si les réformes -clé dans l’environnement des affaires- sont mises en œuvre.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructure et Energie
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