Le grand dîner-débat de rentrée de l’Association sénégalaise des anciens de l’Ena de France (Asena) a mis en relation le ministre de l’Economie, des finances et du plan Amadou Ba et le président du Club des investisseurs sénégalais (Cis), Babacar Ngom. Il était question de la place du secteur privé national dans le Pse. Le Cis demande plus d’implication dans les grands projets de l’Etat. Le premier Ordonnateur des finances de l’Etat pour sa part s’est dit conscient du rôle des entreprises locales tout en affirmant que le pays n’a pas les moyens de fermer ses frontières aux investisseurs étrangers.

«Un pays se développe avec des idées.» C’est la formule employée par le président de l’Asena, Yoro Dia, pour lancer le débat entre le ministre de l’Economie, des finances et du plan Amadou Ba et le président du Club des investisseurs sénégalais (Cis), Babacar Ngom. Réflexions autour d’une problématique : «La place du secteur privé national dans le Pse.» Une occasion pour les deux parties d’évaluer la phase 1 de ce programme et de faire des projections et des plaidoyers pour les trois prochaines années.
D’entrée de jeu, le patron de Sedima a soulevé plusieurs interrogations, dont l’implication des entreprises locales dans les grands projets de l’Etat. En citant le Rwanda, le Maroc et Dubaï, le chef d’entreprise sénégalais a émis son souhait de voir les nationaux participer à la réussite du Plan Sénégal émergent. «Le Pse fait notre fierté à tous. Les réalisations et les acquis déjà engrangés constituent un message d’espoir qui porte les éclats du présent. Il nous faut l’accompagner par un élan collectif qui brise les frontières partisanes. Et par une démarche responsable et collective. Le Pse est un engagement national», a suggéré le président du Cis.
Pour Babacar Ngom, cette synergie d’actions est urgente, en «perspective de l’exploitation et de la gestion du pétrole et du gaz». Ainsi, il plaide pour une politique économique qui favorise les industries sénégalaises. «Nous faisons de l’émergence notre propre défi car elle permet d’atteindre un niveau de compétitivité suffisant pour capter des parts de marché importantes sur le marché national, régional et international afin de rapatrier dans le pays suffisamment de richesses, d’emplois et d’opportunités pour tous», a-t-il préconisé.
Quant au président de la chambre de commerce de Kaolack, Serigne Mboup, il s’est aussi appesanti sur le rôle et la place du secteur privé national dans la phase 2 du Pse (2018-2022). Le patron de Ccbm estime que les entreprises privées du pays devraient accompagner l’Etat et participer au développement. Selon ses dires, le secteur privé national est devant les investisseurs étrangers concernant le paiement des taxes et des impôts. Se basant sur cet «apport», il a invité l’Etat à revoir là où il concentre ses dépenses pour appuyer les entreprises.
Des interventions observées attentivement par le ministre Amadou Ba à l’extrémité droite du présidium. Réagissant à ces interpellations, il a soutenu que l’Etat associe les entreprises nationales aux programmes de développement. «Des projets tels que le Pudc et le Puma sont exécutés à 90 ou 93% par des entreprises sénégalaises. Souvent, elles peuvent gagner des parts de marché sans être bien organisées ou bien connues. On crée son entreprise en 24 heures, on obtient son quitus, on soumissionne. Ce sont des sommes énormes qui y sont injectées par l’Etat. Sur le budget de 3 709 milliards, les opportunités offertes au secteur privé national tournent autour de 2 300 milliards. Soit 62% d’opérations ouvertes à tout le monde», a avancé Amadou Ba.
Néanmoins, il a déclaré que le Sénégal n’a pas les moyens de fermer ses frontières aux autres investisseurs : «Nous sommes un petit pays. L’Uemoa, c’est 150 millions d’habitants. Vous voulez qu’on crée des champions. Mais un champion ne se développe pas dans un espace à 15 millions d’habitants.»
Pour le ministre de l’Economie et des finances, plusieurs manquements sont dus à une administration inadaptée. Fort de cela, il cogite sur une réorganisation du système. D’après lui, «les chefs d’entreprise peuvent par moments avoir l’impression d’être persécutés parce que tout simplement, le système informatique ne communique pas, ou nous n’avons pas tous les mécanismes pour contrôler».
Dès lors, il propose une réforme progressive. «On ne peut pas sortir du pays, construire et revenir. On construit tout en étant dedans», a-t-il schématisé.
Stagiaire