Issa Sow vit à Harlem depuis plusieurs années. Membre de l’Apr de New York, il parle dans cet entretien de la vie de son parti dans ce pays, de l’élection de Donald Trump et aussi de la situation de nos compatriotes.

Comment se porte votre parti à New York ?
Présentement, comme tout le monde le sait, l’Apr se porte bien ici, parce que c’est un parti jeune. Il y a beaucoup de personnes qui sont dans le parti et qui n’ont jamais milité dans un parti, qui ne connaissaient pas d’ailleurs la politique. Donc, ce n’est pas facile vraiment de gérer un parti jeune et en un temps record se retrouver au sommet de l’Etat. Mais les militants sont déterminés et font tout ce qu’ils peuvent pour que l’Apr soit plus dynamique dans ce pays. Notam­ment, notre coordonnateur général, Abou Diallo, qui est un infatigable. Je suis également son conseiller, il fait un travail remarquable que tous les Apéristes apprécient.

Comment faites-vous pour que votre parti vive dans ce vaste pays ?
Ici, on fait des meetings, pas constamment, car le pays est vaste. On a 32 sections dans les Etats-Unis, et on est en train de travailler pour en arriver à 50. Donc, la plupart du temps, on fait des réunions par des conférences call. Les gens ne peuvent pas se déplacer, et rien qu’à New York, il y a 5 quartiers et les gens s’y perdent parfois. Ils ne se connaissent pas et ne se voient pas. Donc, ce n’est pas évident qu’on puisse faire des réunions régulièrement.

Votre leader, le Président Macky Sall, avait, durant sa campagne, promis de faire de la diaspora la 15e région du Sénégal. Aujourd’hui, il a fait 4 ans et jusqu’à présent, cette promesse n’est pas encore tenue. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est vous qui dites que sa promesse n’a pas été tenue (rires). Mais moi, je sais qu’il a tenu sa promesse.

La diaspora est devenue la 15e région du Sénégal ?
Bien sûr ! Parce qu’il a commencé par les 10 députés de la diaspora, et cela n’a jamais existé au Sénégal. Aucun de ses prédécesseurs ne l’a fait. Cela montre qu’il porte une oreille attentive à la diaspora. C’est le seul Prési­dent qui a pensé que la diaspora peut être représentée à l’As­semblée nationale. Je crois que c’est quelque chose à saluer. De plus, aujourd’hui si vous allez dans n’importe quel pays dans le monde, vous allez trouver des conseillers, des Pca, des directeurs généraux issus de la diaspora. Donc, je pense que tout cela prouve vraiment que le Président a tenu sa promesse.

Mais officiellement la diaspora n’est pas une 15e région…
Encore une fois, c’est vous qui le dites. Mais pour moi, elle l’est devenue (rires).

Maintenant, vous avez parlé des députés de la diaspora. Aujourd’hui, comment va-t-on gérer la répartition ?
Bon, c’est un peu compliqué, car ici aux Etats Unis, il n’y a que 9 mille électeurs et ils ne sont pas tous de l’Apr. Comme le Président a dit lui-même qu’un seul quartier à Grand-Yoff dépasse l’électorat des Etats-Unis, cela montre la difficulté de la tâche. Par contre, les électeurs qui se trouvent aux Etats-Unis sont des porteurs de voix. Donc, c’était prévu que l’Amérique et le Canada aient un député. Dans un pays comme la France, un seul quartier comme Mantes-la-Jolie dépasse tous les électeurs des Etats-Unis. Par conséquent, je ne crois pas que cela puisse poser problème puisque les électeurs d’ici ne sont pas nombreux, même s’ils restent des porteurs de voix. Personnellement, je milite ici et à Dakar en même temps, notamment à Cambérène 2. J’ai près de 7 mille voix qui sont derrière moi.

Comment faites-vous pour gérez deux bases politiques en même temps ?
Oui, mais dans toute chose, quand il y a de la transparence, (rires), il ne doit pas y avoir de problèmes. Parce que ce qui peut rendre vraiment le travail facile, c’est de responsabiliser les gens. Au Sénégal, le travail de l’Apr est difficile parce que chacun veut occuper le plus grand poste. Moi, sincèrement, je ne suis pas intéressé par les postes à Dakar. Je préfère former, accompagner et aider les gens à travailler. L’essentiel est de réussir la mission qui est de travailler avec le Président Macky Sall.

Vous êtes un émigré sénégalais. Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confronté ?
New-York est la ville qui accueille le plus d’émigrés. D’ailleurs, il y a certains qui sont là depuis 30, voire 35 ans, et les gens se sont habitués à la vie américaine. Mais la vie est devenue chère à New York. C‘est pour cette raison que certains compatriotes ont rejoint d’autres villes américaines. Dieu merci, parce qu’ici nous avons accès à la couverture maladie. Quand on a des cartes, on peut se soigner. Même les sans-papiers ont accès aux soins et on ne peut avoir ce traitement qu’à New York. Il y a des avocats qui sont déjà habitués à défendre les Africains. On a même des avocats sénégalais, qui connaissent la réalité africaine. Il n’y a pas trop de problèmes ici contrairement aux autres Etats où il y a beaucoup de crimes, même s’il y en a, de façon générale, dans tout le pays. Il y a eu un moment où New York était parmi les villes les plus dangereuses, mais aujourd’hui, elle fait partie des villes les plus sûres. Il y avait un temps à Harlem où on pouvait marcher 1 heure de temps sans rencontrer un Blanc, à Brooklyn, pareil. Maintenant, les Blancs sont plus nombreux que les Noirs dans ces quartiers.

Le nouveau Président américain, Donald Trump, a promis d’expulser les migrants qui n’ont pas de papiers. Pensez-vous qu’il va passer à l’acte ?
Qu’il passe à l’acte ou pas, il a déjà prévu de le faire. Mais il y a des Etats qui ont dit qu’ils ne vont pas l’accompagner dans cette décision. Alors, ce sera très difficile pour lui de tenir cette promesse, parce que les Etats-Unis sont fondés par l’émigration. Là où nous sommes assis (il s’agit d’un restaurant), regardez les gens qui sont en train de servir, il n’y a aucun Américain. Et puis, ce qui est sûr c’est qu’il  y en a qui n’ont pas de papiers. Aujourd’hui, le terrorisme a gagné du terrain, donc pour mener à bien sa campagne électorale, il fallait qu’il parle ainsi, sinon les gens n’allaient pas le suivre. C’est ça la réalité. Ceux qui espéraient avoir des papiers avec lui peuvent déchanter, car il ne pas va en donner.

C’est lui qui a ce pouvoir ou ce sont les Etats qui vont le décider ?
C’est un pouvoir fédéral, mais les propositions viennent du Président, et le Sénat va voter. Si le Président ne fait pas de proposition, on ne va pas se lever un beau jour et dire que je vais régulariser ma situation. C’est très compliqué.