L’«Open Arms» se trouve tout près de l’île de Lampedusa, après la décision de la justice italienne, hier, de le laisser entrer dans les eaux territoriales, annulant le décret d’interdiction pris par Matteo Salvini. Mais pour l’instant, pas d’autorisation d’accoster. Le bras de fer politique se poursuit, alors qu’il y a urgence humanitaire à bord. Hier, six pays européens ont annoncé qu’ils se partageraient l’accueil des migrants.

Le navire «Open Arms» est arrivé près de Lampedusa à l’aube, et depuis, il fait du surplace à environ deux kilomètres du port ; il s’est par ailleurs mis à l’abri des vents. A son arrivée, il avait été stoppé par les garde-côtes, puis escorté par deux bâtiments militaires. L’Ong attend une autorisation pour accoster. Car la décision du Tribunal administratif de Rome ne précise rien en ce qui concerne l’arrivée à terre.

Bras de fer
Pendant ce temps, le bras de fer politique et judiciaire de Matteo Salvini se poursuit. Après la décision du Tribunal de Rome, le chef de la Ligue, ministre de l’Intérieur, a voulu déposer un nouveau décret d’interdiction d’approcher à l’encontre de l’«Open Arms».
Problème : pour qu’un décret entre en vigueur, il faut la signature de deux autres ministres : Elisabetta Trenta, à la Défense, et Danilo Toninelli, aux Transports. Deux ministres étiquetés Mouvement 5 étoiles, qui refusent de signer, disent-ils, par devoir d’humanité.
Le divorce est consommé, et cette fois, c’est Matteo Salvini qui est affaibli. Politiquement, c’est une claque pour ce dernier, et une manière pour le Mouvement 5 étoiles, de reprendre la main à l’approche des prochaines élections, qui s’annoncent très difficiles pour ce parti anti-système.
Le bras de fer oppose également Salvini à son Premier ministre, Giuseppe Conte. Six pays de l’Ue sont prêts à accueillir une partie des 147 migrants : «La France, l’Alle­ma­gne, la Roumanie, le Portugal, l’Espagne et le Luxembourg viennent à peine de m’indiquer qu’il sont prêts à recevoir des migrants», a-t-il annoncé ce jeudi dans une lettre ouverte adressée à Matteo Salvini. «Encore une fois, mes homologues européens nous tendent la main», s’est félicité M. Conte, en attaquant frontalement M. Salvini, qui appelle depuis une semaine à sa destitution.
rfi.fr