En Italie, une bombe contenant un kilo d’explosifs a détruit la voiture de Sigfrido Ranucci, la nuit du 16 octobre. Ce journaliste de 63 ans, qui dirige l’émission d’investigation Report, diffusée sur la chaîne publique Rai 3, vit sous escorte policière depuis 16 ans, à la suite de menaces récurrentes de la mafia. Cette escalade dans les menaces contre le journaliste a donné lieu, mardi 21 octobre, à une manifestation dans le centre de la capitale intitulée «Vive la presse libre !». Promue par le Mouvement 5 étoiles et soutenue par tous les partis de Gauche, cette manifestation à Rome a rassemblé de nombreux journalistes des secteurs public et privé. Parmi eux, Duilio Giammaria, rédacteur en chef à la Rai. «Plus que jamais, nous avons besoin de journalistes qui nous aident à décrypter l’information, au lieu d’occuper l’espace avec des faits divers ou des potins. D’ailleurs, l’Italie a nettement reculé dans le classement mondial sur la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières», a-t-il affirmé.

«Ceux qui ont cherché à bâillonner l’émission Report obtiendront l’effet inverse»
De fait, l’Italie se situe à la 49è place en 2025, perdant cinq places par rapport à 2024. Mais Salvatore Merlo, direc­teur adjoint de la rédaction du quotidien conservateur Il Foglio, ne s’inquiète pas vraiment pour la liberté de la presse en Italie. «L’attentat qu’a subi Sigfrido Ranucci est un fait très grave qui doit être absolument condamné, sans rhétorique. Mais en Italie, les journalistes sont assez libres de s’exprimer comme ils l’entendent. Cela dit, il est évident que Sigfrido Ranucci dérange beaucoup de personnes avec ses enquêtes», a-t-il estimé. Pour sa part, Sigfrido Ranu­nci a affirmé que «ceux qui ont cherché à bâillonner l’émission Report obtiendront l’effet inverse».
Rfi