ITW – Bocar Ly, coordonnateur Fds de Rufisque : «Le Pres est un plan réaliste pour sortir le pays de la crise»

Bocar Ly est une figure montante de la scène politique de Rufisque. Coordinateur départemental de Fds/Les Guelwaars à Rufisque, adjoint au maire de Rufisque-Est, il est dans le champ politique depuis plus de 15 ans. Il a débuté son militantisme sous Me Abdoulaye Wade avec le Meel, avant de s’engager avec le Grand Parti dirigé par Malick Gackou. Pour lui, l’engagement politique est un combat de principes : il se bat contre le régime Sall, «marqué par une vague d’arrestations politiques, des entraves à la liberté d’expression et une instrumentalisation de la Justice pour affaiblir l’opposition». Elu sous la bannière de la Coalition Yewwi askan wi, il est également responsable départemental du parti Fds/Les Guelwaars, fondé par Babacar Diop. Titulaire d’un Master 2 en transport et logistique et d’un Master 2 en anglais à l’Ucad, Bocar Ly livre une analyse claire de l’actualité nationale. Dans cet entretien, il revient sur la visite du Premier ministre en Turquie, le Plan de redressement économique et social (Pres), la situation économique du pays et les actions qu’il mène sur le terrain avec Fds et la municipalité de Rufisque-Est.Le Premier ministre est en Turquie depuis quelques jours. Comment analysez-vous cette visite ?
Cette visite est hautement stratégique. La Turquie est déjà notre 3ᵉ partenaire commercial hors Afrique, avec plus de 200 milliards F Cfa d’échanges annuels. C’est un acteur majeur dans les infrastructures, l’énergie et l’industrie lourde. Ce déplacement vise à renforcer la coopération bilatérale, à attirer des capitaux et à sécuriser des partenariats dans des secteurs créateurs d’emplois. Si les projets aboutissent, nous pouvons espérer 10 000 à 15 000 emplois créés sur cinq ans, tout en bénéficiant de transferts technologiques.
Le Pres peut-il réellement changer la situation actuelle ?
Oui, car il est pragmatique et réaliste. Doté d’un budget de 2500 milliards F Cfa sur trois ans, il cible des secteurs-clés : agriculture, énergie, industrie et emploi des jeunes. L’objectif est clair : réduire le chômage de 20 à 15% d’ici deux ans, relancer la croissance autour de 6% et stabiliser les prix. Ce plan part d’un diagnostic lucide : nous héritons d’un pays avec une dette publique avoisinant les 15 000 milliards F Cfa, mais nous avons désormais une vision et un cap.
Quelles perspectives économiques pour un pays que le Président a qualifié de «ruines» ?
L’expression traduit la gravité de la situation : dette record, déficit budgétaire élevé, chômage massif, notamment chez les jeunes (20%). Mais nous avons aussi des leviers : stabiliser le déficit à moins de 3% du Pib d’ici 2026, exploiter pleinement le pétrole et le gaz dès 2026 pour générer 500 milliards F Cfa par an et moderniser l’agriculture pour devenir exportateur net sur certaines filières. Si nous tenons cette ligne, nous pouvons atteindre 6% de croissance d’ici 2027.
La Coalition Diomaye Président est discrète. Que fait-elle ?
Nous travaillons sur le terrain, loin du bruit médiatique. En six mois, nous avons organisé plus de 200 rencontres communautaires pour expliquer les politiques publiques et défendre les réformes. Nous faisons un travail de relais entre l’Etat et les populations, avec un suivi constant des engagements présidentiels.
Avez-vous des relations avec le Président Faye ?
Oui, nos échanges sont institutionnels et politiques. Je partage sa vision d’un Sénégal souverain et juste. Mon rôle est d’être un relais fidèle de cette vision à Rufisque et dans tout le département.
Quelles relations avez-vous avec Pastef ?
Nous travaillons en partenariat stratégique. L’objectif est de réduire la pauvreté, aujourd’hui à 37%, à moins de 25% d’ici 2030, et d’améliorer l’accès aux services sociaux de base.
Comment massifiez-vous Fds/Les Guelwaars à Rufisque ?
Nous avons créé 15 nouvelles sections communales en un an et recruté 1200 nouveaux adhérents. Nous formons nos militants et organisons régulièrement des forums publics et des opérations de solidarité. La massification passe par la proximité et la crédibilité.
Rufisque-Est fait face à des problèmes d’assainissement et d’encombrement. La situation évolue ?
Oui, même si c’est un chantier à long terme. Nous avons réhabilité 5 km de réseau d’évacuation, mené 200 opérations de désencombrement et engagé des discussions avec l’Onas pour intégrer Rufisque-Est dans les grands projets financés par la Banque mondiale. Les progrès sont visibles, mais il reste du travail.
bsakho@lequotidien.sn