Président du Conseil départemental de Ranérou, Amadou Dawa Diallo, Secrétaire général du Parti de la réforme (Pr) et membre de la Coalition Takku Wallu Senegaal, a été élu député sur la liste départementale grâce à sa base électorale qui lui assure une série de victoires depuis 2022. Il va vivre sa première expérience parlementaire dans un contexte politique qui change. Mais, il est «prêt» à relever ce défi. Dans cet entretien, il évoque aussi l’avenir du Pr qu’il faut «réformer» pour affronter les enjeux de l’heure. Ce lundi, l’Assemblée nationale sera installée. Avez-vous décidé de siéger ?
Après les élections législatives que nous avons remportées haut la main à Ranérou, c’est un sentiment de mission accomplie qui m’habite aujourd’hui pour le compte de nos concitoyens, ceux qui nous ont élus, je veux parler des habitants du département de Ranérou-Ferlo. Permettez-moi de remercier et de féliciter le Président Macky Sall, tête de liste de notre coalition. Il aurait pu se retirer de la vie politique sénégalaise et mener tranquillement sa vie au Maroc, mais pour l’intérêt du pays et surtout afin de fédérer les forces, il s’est porté candidat. Ce qui à coup sûr nous permet aujourd’hui d’avoir un groupe parlementaire. Comme vous le savez, j’ai voulu rester dans sa coalition par principe et surtout par dignité, car, nous l’avons accompagné durant son règne et au cours duquel il a mis le Sénégal sur les rails de l’émergence. Je compte siéger à l’Assemblée nationale en tant qu’élu de Ranérou-Ferlo, mais également en tant que député du Peuple pour servir le Sénégal et le défendre partout. Ce sera une grande première pour moi de rejoindre le Parlement, même si je suis un élu local, président du Conseil départemental. Je serai à l’Assemblée nationale pour être plus constructif, en faisant preuve de sens élevé de la noble et exaltante mission du parlementaire dans un pays démocratique. Je pense qu’il faudra éviter de revivre les évènements qui sont passés lors des dernières législatures. Car le parlementaire est l’ambassadeur de notre pays vis-à-vis de l’extérieur. Il doit alors être à la hauteur des attentes, c’est-à-dire l’expression démocratique de notre pays aussi bien à l’interne qu’à l’extérieur. Une fois à l’Assemblée nationale, on entend jouer pleinement ce rôle.
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Je suis un fonctionnaire de l’Etat appartenant au ministère des Finances, j’ai dû renoncer à beaucoup d’avantages liés à ma fonction de Directeur financier, pour ne pas dire agent comptable de l’Agence de gestion des routes (Ageroute) pour quitter l’Exécutif et rejoindre le Législatif. Une façon de vous dire que s’agissant de la prise en charge adéquate des besoins des populations qui ont eu confiance en nous en nous mandatant d’aller les représenter au Parlement, il n’y a nul doute que nous serons leur digne représentant à l’Hémicycle, car nous sommes investi d’une mission noble, d’un sacerdoce pour porter la voix des populations. Je dois vous dire que j’ai fait ce sacrifice de rejoindre l’Assemblée nationale au nom des populations pour véritablement être leur porte-voix. Sur les urgences ou les priorités, Ranérou est un département de défis. Tout est urgent, tout est prioritaire dans le département de Ranérou-Ferlo. Déjà, en tant que président du Conseil départemental, avec notre plan départemental de développement en cours d’exécution, nous toucherons du doigt les défis à relever avec les nouvelles autorités à la tête du pays.
En décidant d’aller à l’Assemblée, vous voulez donner un nouvel élan à votre carrière politique ?
En acceptant d’aller à l’Assemblée nationale, c’est un sens du sacrifice pour être et encore rester aux côtés des populations. Depuis des années, nous avons consacré une bonne partie de notre énergie, de notre vie de fonctionnaire à notre département en termes d’appui, d’accompagnement, de plus-value, qui ont été glanés par ci par là, au service de Ranérou-Ferlo. L’autre élément, il nous revient de rendre l’ascenseur à nos parents après avoir été à l’école très tôt alors que ce n’était pas évident. Quant à ma carrière politique, je pense que dans la vie, il faut faire des choix qui peuvent parfois être simples ou complexes. A mon avis, c’est le bon moment pour donner un coup de fouet à ma carrière politique. Car le parlementaire que je suis désormais me donne l’occasion d’avoir plus d’ouverture envers les Sénégalaises et les Sénégalais pour leur faire comprendre nos objectifs, notre vision, notre mission, et également faire découvrir notre comportement au quotidien, et sur lequel nous serons jugé par ces mêmes populations. C’est avec un grand plaisir et abnégation que j’endosse ce rôle séduisant pour aller à l’Hémicycle et porter la parole du Peuple, et tout faire pour la prise en charge des défis qui assaillent non seulement notre département, mais tout le Sénégal en général.
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Quelles seront vos ambitions au sein de la Coalition Takku Wallu à l’Hémicycle, parce qu’il faut rappeler que vous êtes l’un des rares à avoir gagné votre département ?
Il faut dire que Ranérou fait partie des 4 départements gagnés par la Coalition Takku Wallu et qui ont résisté à la razzia de Pastef que je félicite au passage pour sa victoire. Nous faisons partie de ceux qui ont gagné, et pensons donc que c’est naturel que nous nous attendions à un retour d’ascenseur. On s’est mobilisé et on s’est battu dans le cadre de la coalition au niveau départemental avec les responsables politiques locaux engagés à nos côtés, comme le député sortant (Aliou Dembourou Sow), l’ancien maire de Ranérou (Arouna Ba), les maires actuels de Ranérou ou de Houdallaye et d’autres membres de la coalition issus de Rewmi, du Pds. On a pu compter évidement sur notre base naturelle affective. Ce sont autant d’éléments qui nous ont valu cette victoire éclatante lors des Législatives, avec près de 3 mille voix d’écart.
Pour l’instant, le Président Macky Sall s’est prononcé sur la question et il a affirmé que ceux qui ont gagné les départements doivent jouer les principaux rôles d’animateurs dans notre groupe parlementaire. Je m’en tiens à ses engagements. J’espère jouer un rôle important et majeur dans le groupe Takku Wallu.
Depuis quelques années, vous gagnez systématiquement ce département dont vous êtes aujourd’hui le président de Conseil départemental. Quelles sont les recettes du succès ?
La politique est un défi permanent. Le défi d’être sur le terrain. C’est difficile et c’est très dur par moments. Socialement, c’est presque insoutenable. Mais je m’en suis fait un défi, parce que tous les 15 jours je suis sur le terrain, sans compter l’approche de proximité en étant systématiquement présent à toutes les cérmonies heureuses et aussi malheureuses. Je suis très attaché et très proche de ces populations. Avant, c’était peut-être difficile de percer parce qu’il y avait un environnement fermé, d’autres politiques occupaient le terrain. Après 6 ans de mission à l’extérieur, je suis revenu au Sénégal en 2014. Il fallait déblayer le terrain et les gens ont fini par comprendre que notre engagement était de servir les populations que de nous servir. Finalement, le déclic a eu lieu lors des Locales de 2022, durant lesquelles nous avons gagné toutes les collectivités locales du département. Et j’ai été élu président du Conseil départemental de Ranérou. Tout est devenu fluide car nous avons enchaîné avec les Législatives de 2022. Nous avons accompagné le député Aliou Dembourou Sow sur demande du Président Macky Sall. Lors de la Présidentielle de 2024, nous avons accompagné le département, même si notre candidat (Amadou Ba) a perdu la Présidentielle. Nous venons ainsi de remporter les Législatives du 17 novembre dernier avec ma candidature. Il faut se dire qu’il n’y a pas de secret. Il faut aller vers les gens, avoir une capacité d’écoute, prendre en charge les doléances que vous pouvez satisfaire pour améliorer les conditions de vie des populations qui vivent parfois dans des endroits complètement déshérités.
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L’Assemblée qui sera installée ce lundi va enchaîner avec le marathon budgétaire, avec l’adoption de la Loi de finances initiale. Il y aura les travaux de commission et la plénière…
C’est vrai ! Il faut se dire que sur le plan technique, je suis outillé dans le domaine des finances publiques. Parce que je suis financier de formation. Il va rester les procédures internes à l’Assemblée nationale. Comme nous sommes novice, nous allons apprendre très vite pour comprendre le fonctionnement. Globalement, nous sommes préparé à cette nouvelle mission, la matière budgétaire ne sera pas une nouveauté pour nous.
Par ailleurs, vous êtes Secrétaire général du Parti de la réforme. Quelles vont être les perspectives du Pr après ces Législatives ?
Le Parti de la réforme, il faut le réformer. Nous allons vers une remise à plat du parti compte tenu de beaucoup de facteurs. Nous allons organiser une Assemblée générale à l’échelle des 46 départements. On va se retrouver pour faire le point et scruter l’horizon avec des perspectives qui vont aller jusqu’à des changements radicaux pour moderniser davantage le parti en termes de dénomination, de militantisme et d’arrivée de nouveaux acteurs qui frappent à la porte du parti pour adhérer. Nous allons nous ouvrir davantage aux Sénégalaises et Séné-galais, jeunes et femmes, pour asseoir le Parti de la réforme qui va certainement changer de nom.
Il y a le débat sur les libertés publiques. Quels sont vos commentaires ?
Je voudrais saluer le rôle important que joue la presse dans notre pays, elle est la sentinelle de notre démocratie. Le Sénégal n’a que sa démocratie. Il faut quand même se dire que les questions liées à la liberté de la presse sont fondamentales. Et il faut en débattre à l’Assemblée nationale, notamment le financement des médias qui sont aujourd’hui presqu’à l’agonie. On entend des Atd un peu partout dans le secteur pour des questions de fiscalité. Les questions de liberté individuelle et collective font partie aussi du socle de notre démocratie. Il faut faire preuve parfois de magnanimité, de pardon et aussi de dépassement. Il faut également que les autres apprennent à respecter les institutions en évitant les mots blessants, les propos désobligeants qui peuvent heurter la conscience de chaque Sénégalais. C’est ce Sénégalais qui doit constituer la synthèse de l’homo senegalensis que nous appelons de nos vœux avec un changement de mentalité en étant beaucoup plus constructif que de faire dans la politique politicienne. Elle ne nous fera pas avancer et ne nous fera pas grandir.
Propos recueillis par Bocar SAKHO – bsakho@lequotidien.sn