Momar Ndiaye et Abdou Dieng ont comparu hier pour abus de confiance et complicité. Ils risquent respectivement 3 et 2 ans ferme. Le verdict sera rendu le 15 février.

L’ancien président de la Jeanne D’arc de Dakar, Momar Ndiaye, et Abdou Dieng sont loin du compte. En conflit avec la justice depuis 2014, ces prévenus qui comparaissaient respectivement hier pour abus de confiance et complicité de ce chef risquent de retourner en prison si les réquisitions du Parquet sont suivies par le juge, car le procureur a requis 3 ans ferme contre Momar Ndiaye et 2 ans ferme contre Abdou Dieng, en demandant de décerner contre eux un mandat de dépôt et de les faire payer une amende de 300 mille francs chacun. Cette affaire est partie de la plainte initiée par Moussa Yoro Camara le 6 janvier 2014. Il avait saisi le Parquet pour se plaindre de la gestion de Momar Ndiaye. En sa qualité de président de la Jeanne D’arc, dit-il, M. Ndiaye avait reçu mandat de vendre un terrain d’une superficie de 2 040 m2 appartenant à la Vieille Dame et avec ladite somme de construire un complexe sportif multifonctionnel à Lac Rose. Le terrain est ainsi vendu à la société Benja pour un montant de 1,740 mil­liard de francs.
Les parties civiles, Moussa Yoro Camara, Antoine Lopez, Joseph Lopez et Issa Lô reprochent à Momar Ndiaye d’avoir encaissé l‘argent de la vente sans apporter la preuve de ses dépenses. Une enquête a été ouverte. Et c’est en ce sens que l’acquéreur Issa Kane a été entendu. Il a déclaré avoir versé la somme d’1 milliard 740 millions de francs auprès du notaire et 21 millions de francs à Momar Ndiaye.
Entendu à son tour, le notaire a confirmé avoir reçu l’argent des mains de Omar Ndiaye. Et avec ladite somme, il a versé à la société Diekko 244 millions de francs pour l’acquisition du cinéma Sicap Liberté. Le notaire précisait en outre qu’il a aussi versé 145 millions de francs de taxes et 80 millions de francs pour la transformation du bail en titre foncier. Des sommes, poursuit-il, qu’il a justifiées par des pièces comptables. Ce qui n’a pas été le cas de Momar Ndiaye. Interpellé par les enquêteurs, il a soutenu qu’à un certain moment, la comptabilité de la Ja a été fermée. C’est pourquoi il a pris sur lui la responsabilité de faire encaisser les sommes d’argent dans son compte personnel. Devant le magistrat-instructeur, sans présenter un bilan financier, il a allégué certaines dépenses en faisant état de la somme de 80 millions utilisée pour lever l’hypothèque du siège, la somme de 8 millions de francs payée à l’hôtel Le Ndiambour, 3 millions de francs entre autres dépenses. Mais quand le magistrat-instructeur a procédé au calcul des dépenses alléguées par le prévenu, il a trouvé en tout la somme de 103 millions. Ainsi, il restait devoir à la Ja un reliquat de 843 millions 113 mille 920 francs dont il n’est pas en mesure de justifier.
Hier, devant la barre du Tribunal, le prévenu n’a pas aussi rapporté la preuve de l’utilisation de cette somme. D’ailleurs, selon les révélations du Parquet, le trésorier Séga Diop, entendu dans le cadre de l’enquête, a dit qu’il a été royalement ignoré dans la gestion financière de cette manne. C’est pourquoi, ayant déploré l’immixtion du président Momar Ndiaye dans son rôle, il a rendu tout simplement le tablier. Cepen­dant, il n’a reconnu avoir reçu que 2 chèques. Mais il les a retournés à Momar Ndiaye qui aurait fait des dépenses. A en croire le procureur, c’est Abdou Dieng qui a facilité à Momar Ndiaye la dilapidation des fonds de la Ja. Estimant que leur culpabilité est établie, il a requis respectivement les peines sus indiquées en demandant de décerner à leur encontre un mandat de dépôt et à payer 300 mille francs d’amende chacun.

La somme d’1 milliard 500 réclamée à Momar Ndiaye
Selon Me Guèye, avec cet argent, Momar Ndiaye a utilisé les gens pour arriver à ses fins. «Il a planifié systématiquement la mort de la Ja qui est passée de la 1ère division au sous-sol, c’est-à-dire en national», regrette l’avocat qui pense que moralement il est extrêmement dangereux. Ce qu’il a fait, ajoute-t-il, n’est rien d’autre qu’un pillage des ressources de la Ja. A en croire Me Khassim Touré qui s’est félicité du travail du juge d’instruction et du Parquet, Momar Ndiaye était un intouchable. «Toutes les plaintes initiées au début contre lui étaient restées lettres mortes», informe-t-il. Selon la robe noire, l’ancien président de la Ja avait reçu mandat de vendre un site appartenant au club. Il a trouvé, dit-il, un acquéreur en avril 2006 du titre foncier situé sur la Vdn. Mais on ne sait pas par quelle alchimie Benja s’est retrouvé propriétaire du site, dit-il, en soulignant qu’en réalité Fourtour Sall n’existait pas. Ce n’était qu’un prête-nom. Et malgré la mise en demeure qui lui a été faite en décembre 2013, Momar Ndiaye n’a rien payé. Et pour justifier les dépenses qu’il a faites, il a fait une surfacturation, a dénoncé Me Khassim Touré, selon qui, Seydou Nourou Ba a écrit au procureur et au juge d’instruction pour dire que la Ja n’a souffert d’aucun préjudice. «Ce qui est archi-faux», crie-t-il en expliquant qu’on a voulu dire au juge que ceux qui ont porté plainte n’ont pas qualité à agir. De l’avis de l’avocat, Momar Ndiaye a anéanti la Vielle Dame créée en 1921 et qui a honoré le football national. Pour ce préjudice, il a réclamé la somme d’1 milliard 500 millions. D’emblée, la défense a demandé de déclarer les constitutions des parties civiles irrecevables parce qu’il n’a pas été fait état d’un préjudice subi par ces dernières. D’ailleurs, rappellent les avocats, Seydou Nourou Ba a envoyé une lettre le 16 mai 2014, en sa qualité de président, pour dire qu’il n’a pas porté plainte ni reçu mandat de la Ja pour le faire. Suffisant pour eux de plaider la relaxe pure et simple de leurs clients qui seront édifiés sur leur sort le 14 février prochain.
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